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Le chaos en France vu de Montréal

Photo: Capture d'écran France 24

La France est aux prises avec de violentes émeutes, depuis qu’un policier a tué un jeune homme de 17 ans le 27 juin dernier, en région parisienne, à la suite d’un refus d’obtempérer. Dans le sillage de la mort de Nahel, des révoltes ont éclaté à travers le pays, alors que la France a été rabrouée par l’ONU pour du racisme systémique dans ses forces de l’ordre.

Cette situation, les pires émeutes urbaines depuis 2005, éclate dans un pays habitué aux révoltes et aux affrontements entre policiers et manifestants. Entre tristesse et colère, trois Français de Montréal ont confié à Métro, comment une telle situation se vit depuis l’étranger et comment le Québec diffère de la France.

« Une violence et une tristesse absolue », Ben

Benjamin, ou Ben, a ressenti de la violence après la mort de Nahel. Même s’il est à distance, depuis huit ans qu’il vit à Montréal, « c’est super violent à vivre », explicite-t-il. Il évoque la violence de la mort, la violence des réactions politiques et la violence de la réaction des gens. Il déclare aimer la France, mais être parti pour voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

Son constat ? « Il y a beaucoup trop de racisme au Québec, mais il y en a beaucoup moins qu’en France ». Il le constate, car il est travailleur social et raconte avoir vu à multiples reprises « des gens qui subissent des actes racistes et des actes homophobes », raconte-t-il, et ce dans ses deux pays. Si la police est accusée de racisme systémique en France, Ben a remarqué que les interpellations policières étaient bien plus nombreuses, mais pas forcément justifiées, pour la communauté haïtienne.

Rejoignant les propos d’Aline, Ben pense que la police en France procède à des interventions plus violentes, avec davantage de confrontations. La culture québécoise serait plus axée sur le dialogue, selon lui, et cela il l’a vue lors des manifestations Black Lives Matter en 2020 où il n’a pas constaté une attitude ostentatoire de la part des forces de l’ordre à Montréal.

Autre exemple d’un dialogue plus présent ici : Ben est travailleur social et si au Québec, cette profession a tendance a manqué de moyen, les travailleurs sociaux sont tout simplement rares en France. Outre-Atlantique, « les travailleurs de la rue ne sont pas du tout soutenus et la police de proximité a été supprimée », s’indigne-t-il.

Il croit que cette violence de la police en France a fait monter une rage qui explose aujourd’hui, expliquant la virulence des émeutes. Face à toute la violence de la situation politique française, l’idée de rentrer effleure Ben qui aimerait être avec ses proches et se mobiliser dans son pays pour que les choses changent.

« Une France qui ostracise », Aline

Aline a 32 hivers, dont sept passés au Québec, mais le lien avec son pays, la France, dans laquelle elle n’est jamais retournée, est toujours présent. Pour preuve, après avoir appris la mort de Nahel, un sentiment de « tristesse assez intense » a envahi Aline, qui s’est recroquevillée sur son canapé. Elle confie perdre espoir que la situation s’améliore dans son pays natal.

La France que décrit Aline ne vend pas du rêve. Elle, qui est LGBT, estime que sa nation est ostracisante envers les minorités. Elle est partie après les attentats du 13-novembre, qui ont provoqué une montée de l’islamophobie, analyse-t-elle. En arrivant au Québec, changement d’ambiance : une femme avec un hijab l’accueille à la douane, une situation difficilement imaginable en France.

La question des violences policières anime particulièrement Aline, qui dresse un constat peu flatteur des forces policières, de la France tout comme du Québec. « Il y a de la violence policière systémique à Montréal et au Québec, mais en France, les policiers se militarisent beaucoup plus », explique-t-elle.

La jeune Française remarque aussi que l’approche des délits est différente de ce côté-ci de l’océan. La légalisation du cannabis et l’attitude plus tolérante et préventive envers les drogues sont une différence majeure. Elle raconte ainsi l’histoire d’une amie en France, qui était allée acheter du cannabis et qui à la vue de policiers s’est mise à courir, car étant noire, elle avait peur des forces de l’ordre. Avec le cannabis légal, Aline pense que de telles expériences n’arrivent pas au Québec.

Pour autant, le Québec « ne file pas un bon coton », s’inquiète Aline, qui parle de « politiques pour séparer les gens » quand on lui parle de la loi 21, ou de l’affaire Elghawaby.

« La frustration de ne pas être sur place », Alexandra

Venue l’année dernière pour trois mois à Montréal, Alexandra vient à peine de s’installer de nouveau au Québec que son pays s’embrase. Pour elle qui se déclare militante, il est frustrant de ne pas être sur place. « C’est tant mieux que ça pète, il faut que ça pète », analyse la jeune Française de 25 ans. Elle constate que les tensions montent en France depuis des années., et à peine débarquée, elle sent une différence entre le Canada et son pays d’origine.

Alexandra le dit tout de même d’emblée, elle ne connait pas encore beaucoup la situation politique québécoise. Du peu qu’elle voit, la belle province a l’air plus calme que l’Hexagone. Elle croit que les violences policières sont peut-être plus strictement condamnées ici, et que donc les policiers font plus attention à leurs comportements.

D’ailleurs, à Montréal, il y a moins d’extrémisme en politique, constate Alexandre. Effectivement, si les partis d’extrême droite font des scores entre 25 et 30% aux élections en France, l’extrême droite n’a pas de réelle représentation sur les scènes politiques fédérale et provinciale, au pays. Face à ce constat, Alexandra ne s’imagine pas avoir d’enfants dans son pays.

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