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Denise Bombardier: ses citations marquantes  

L’ex-journaliste et chroniqueuse Denise Bombardier, qui s’est éteinte ce matin à l’âge de 82 ans à la Maison de soins palliatifs Saint-Raphaël à Montréal, entourée de ses proches, était reconnue pour son franc-parler. Photo: Isabelle Clément


L’ex-journaliste et chroniqueuse Denise Bombardier, qui s’est éteinte ce matin à l’âge de 82 ans à la Maison de soins palliatifs Saint-Raphaël à Montréal, entourée de ses proches, était reconnue pour son franc-parler.  

Première femme à avoir produit et animé une émission d’affaires publiques au Québec (Noir sur blanc, de 1979 à 1983), elle nous laisse en héritage moult réflexions et commentaires marquants, controversés ou célébrés. Métro en a choisi quelques-uns.  

Sur les agressions sexuelles :

« Monsieur Matzneff nous raconte qu’il sodomise des petites filles de 14 ans, de 15 ans, que ces petites filles sont folles de lui. On sait bien que des petites filles peuvent être folles d’un monsieur qui a une certaine aura littéraire, d’ailleurs on sait que les vieux monsieurs attirent les petits enfants avec des bonbons. Monsieur Matzneff, lui, les attire avec sa réputation. » 

À l’émission de Bernard Pivot Apostrophes,  en 1990, Denise Bombardier dénonce la pédophilie ostentatoire de l’auteur Gabriel Matzneff, qui vante ses conquêtes sexuelles avec des adolescentes — d’ailleurs, l’animateur lui demande « de ne pas devenir agressive » alors qu’elle s’exprime. Soulignons que Denise Bombardier a été victime à 12 ans d’une agression de la part d’un réalisateur alors qu’elle travaillait dans une émission pour enfants.  

Cette entrevue a refait surface en 2020 lorsque l’auteure et éditrice Vanessa Springora a fait paraître son récit biographique Le consentement, qui raconte l’emprise que Gabriel Matzneff a eue sur elle à l’âge de 14 ans dans les années 1980. 

Plus de 25 ans avant le mouvement de dénonciations #MoiAussi, Mme Bombardier braquait déjà les projecteurs sur les répercussions des gestes perpétrés par M. Matzneff sur les femmes : « Ce que l’on ne sait pas, c’est comment ces petites filles de 14 ou 15 ans, qui ont été non seulement séduites, mais qui ont subi ce que l’on appelle dans les rapports entre les adultes et les jeunes un abus de pouvoir, comment s’en sortent-elles, ces petites filles, après coup? Moi, je crois que ces petites filles sont flétries, et la plupart d’entre elles flétries peut-être pour le restant de leurs jours. » 

En réaction à une entrevue qu’elle avait accordée à Marie-Louise Arsenault :

« L’impolitesse, c’est impardonnable. Et la grossièreté non plus. » 

« Quand on interviewe quelqu’un sur un livre, il faut l’avoir lu, n’est-ce pas? […] Dans le cas d’hier, c’est autre chose, c’est la mauvaise foi de départ. Il y a des gens qui se disent, des jeunes, je suppose, qui ne sont pas très préparés, qui n’ont peut-être pas été à l’école longtemps, qui se disent : “La Bombardier, on va lui appliquer sa méthode.” Mais ma méthode n’est pas la méthode de l’impolitesse. » 

Denise Bombardier avait tenu ces propos à l’émission Plus ça change de Louise Deschâtelets, en 1998, dans la foulée d’une entrevue avec la journaliste Marie-Louise Arsenault de l’émission Flash sur sa biographie Denise Bombardier, tête froide, cœur tendre. Celle qui prendra la barre de Plus on est de fous, plus on lit! à ICI Première en 2011 s’était présentée sur le plateau afin de défendre son éthique de travail. 

Sur la prostitution :

« Les bordels n’appartiennent pas aux prostituées. Quand on se fait passer dessus trois ou quatre fois par nuit, on ne fait pas ça par choix. Ce n’est pas parce que ç’a toujours existé que l’on doit la légaliser. On ne légalise pas la pédophilie, et pourtant ça existe. » 

Mme Bombardier émettait cette opinion en entrevue avec Métro en 2012 sur son roman L’Anglais, inspiré de sa rencontre avec son mari, James Jackson, dans lequel elle aborde les rapports hommes-femmes dans notre société. Métro lui demandait si on devait être forcément soumise pour se prostituer. 

Sur la langue française :

 « À travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu. » 

L’autrice a créé une petite tempête avec cette affirmation tenue le 21 octobre 2018 à Tout le monde en parle, à l’occasion de la parution de ses mémoires Une vie sans peur et sans regret.   

Sur les insultes:

« J’ai passé ma vie à me faire traiter de mal baisée par des gens qui ne me connaissaient pas. » 

Confidence de l’écrivaine lors de la même entrevue, qui évoquait ainsi l’insulte classique dont les femmes aux voix et aux opinions fortes font souvent l’objet. 

À propos des tatouages :

« Cette altération du corps de manière quasi irréversible a transformé des êtres en monstres, en personnages de mauvaises bandes dessinées, bref en personnes déshumanisées. » 

Denise Bombardier a couché ces mots à propos des tatouages dans une chronique du Journal de Montréal intitulée « Être à la mode », publiée le 10 janvier 2020… qui avait fait couler beaucoup d’encre. 

À propos de l’indifférence :

« Pour moi, l’indifférence, c’est pire que la mort. […] Lorsqu’on est indifférent, ça veut dire qu’on est coupé de tout ce qui fait le sel de la vie. » 

Le 18 mai dernier, Denise Bombardier s’est entretenue avec Stéphan Bureau à son émission balado Contact. Une citation représentant bien cette grande défenderesse de la langue française, volubile et opiniâtre, qui, comme le rappelait l’animateur, a mené « un combat acharné contre l’indifférence ».  

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