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La petite histoire de la disparition des tramways

Vous avez déjà voyagé en Europe ou en Asie? En êtes-vous revenu en vous demandant pourquoi leur système de transport en commun est tellement supérieur au nôtre? Si c’est le cas, il n’y a aucun doute qu’un voisin, un ami ou un oncle, pendant le party de Noël, vous a répondu, d’une façon un peu condescendante, que se sont les «grandes étendues des territoires de l’Amérique du Nord» qui rendent le transport en commun si peu efficace ici.

C’est pourtant faux. Là où il y des gens, le long du Saint-Laurent et des Grands Lacs, sur la côte Est et dans une moindre mesure, sur la côte Ouest américaine, la densité de la population justifie amplement des réseaux efficaces de transport en commun. La réalité, c’est que des gestes délibérés ont été posés au fil des ans pour priver les Canadiens et Américains de systèmes de transport collectif au profit de la voiture.

Dans les années 1940 et 50, un conglomérat d’entreprises – incluant l’entreprise de pneus Firestone, Mack Trucks, Standard Oil et, à la tête de la bande, General Motors – a mis sur pied un stratagème. Ils ont acheté et démantelé les systèmes de tramway de 45 villes américaines incluant New York, Détroit, Philadelphie, Chicago et Los Angeles afin de les remplacer par des autobus.

Ces entreprises ont été condamnées par divers tribunaux pour concurrence déloyale et se sont fait demander de payer des amendes dérisoires (5 000 $ dans le cas de GM).

Les villes canadiennes comme Québec et Montréal, bien qu’elles n’étaient pas visées par le stratagème, ont fini par démanteler leur système de tramway, emportées par cette «tendance». Seules quelques villes, comme Toronto, ont résisté.

Ces mêmes grandes entreprises ont fait d’énormes pressions politiques pour que se développe le système de routes et d’autoroutes, sans lequel leurs automobiles ne pouvaient pas aller bien loin!

C’est ainsi que, dès le début des années 1950, tout était en place pour une ascension fulgurante de l’automobile privée propulsée par le pétrole. Pourtant, les ménages n’étaient pas encore majoritairement motorisés. À coup de milliards de dollars d’investissements en publicité annuelle (100 M$ au Québec seulement), les GM de ce monde ont réussi à venir à bout de ce petit détail. C’est ainsi que la motorisation entre 1960 et aujourd’hui a plus que doublé. Il y aura d’ailleurs bientôt plus de voitures que d’enfants par famille au Québec!

En dépit de ces pratiques déloyales et des sommes hallucinantes investies en publicité et en lobby, les défenseurs du transport écologique, avec presque aucun moyen, réussissent à garder en vie une conception plus durable des villes et des déplacements.

Pensez seulement à la Feria du Vélo qui rassemble chaque année des dizaines de milliers de cyclistes dans les rues de Montréal et qui a donné le goût à toute une génération de cyclistes d’en faire une habitude quotidienne. Pensez aussi à la Société de transport de Montréal qui, en dépit d’un manque criant d’argent, gagne des prix internationaux pour la qualité de son service et réussit à maintenir et parfois même à augmenter ses parts de marchés face à l’automobile.

Enfin, si vous voulez voir de quoi sera fait le transport du prochain siècle, la Coalition objectif 22 et ses partenaires vous invitent, le 1er juin, au Grand Prix alternatif, une exposition de véhicules solaires, de vélos électriques et des modes de transports plus écologiques. http://co22.org/gpa/

 

 

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