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Un tiers des élus municipaux exercent aussi un autre métier

Saviez-vous qu’un tiers des 64 élus municipaux qui siègent au conseil de ville de Montréal continue d’occuper un emploi en dehors de leurs activités municipales? Parmi eux, on compte des commissaires scolaires, un courtier d’assurances, des comptables ainsi qu’un certain nombre d’hommes d’affaires. On apprend tout cela en épluchant les déclarations d’intérêts pécuniaires que doivent remplir les élus afin de prévenir tout conflit d’intérêts.

Bien sûr, bon nombre ont considérablement ralenti leurs activités depuis qu’ils sont élus. Mais certains d’entre eux continuent de travailler, notamment dans le domaine de l’immobilier, une situation qui pose des questions d’éthique.  

Immobilier et politique
C’est le cas de Joe Magri. Même si le maire de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles a abandonné son poste d’agent immobilier chez Re/Max, il reste actionnaire d’Habitations Magri?bec, une société familiale qui vient de terminer deux grands projets totalisant une centaine de condos dans son propre arrondissement.

Robert Zambito, élu dans Saint-Léonard, est courtier pour le Groupe immobilier Universel. Il achète et revend des terrains. Alain Tassé, élu municipal dans Verdun, travaille comme gestionnaire immobilier pour Gestion Samat, de même qu’Alvaro Farinacci (Immeubles Genesee) dans LaSalle. «Ce n’est pas illégal, mais c’est sûr que c’est questionnable, notamment parce que ces élus seront, par exemple, amenés à établir les plans directeurs d’urbanisme de secteurs où ils ont des intérêts directs», indique Winnie Frohn, professeure à l’UQAM, spécialisée en gestion et politiques urbaines.

Gérer l’apparence de conflit d’intérêts
Tous les élus d’Union Montréal qui ont répondu à nos appels déclarent que leur fonction ne les place pas situation de conflit d’intérêts. «Moi, je gère des immeubles et j’effectue toutes les tâches administratives qui vont avec, je ne fais pas de développement ou de construction», déclare Alain Tassé.

M. Farinacci déclare pour sa part avoir toujours une licence de courtier mais sans être actif, alors que M. Zambito songe à abandonner son activité de courtier. Il y a quelques mois, Michael Applebaum, l’élu désormais responsable du logement à la Ville, avait dû faire de même.

L’opposition dénonçait régulièrement sa double casquette. Pour le conseiller juridique spécialisé en gouvernance que nous avons contacté et qui préfère garder l’anonymat, cela va plus loin. «Même si ces élus ne se placent pas en conflit d’intérêts flagrant et punissable, ils doivent gérer une apparence de conflit d’intérêts. Dans leurs fonctions d’élus, ils sont susceptibles d’obtenir des informations privilégiées qui pourraient par la suite leur permettre de faire des gestes pouvant favoriser leur intérêt personnel.»

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