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Incompréhension autour du plomb dans l'eau

Québec s’apprête à resserrer la réglementation sur la qualité de l’eau potable dans les municipalités, mais certains pensent que le gouvernement ne va pas assez loin.

En ce qui concerne le plomb, les changements prévoient d’augmenter le nombre d’échantillonnages que devront effectuer chaque année les municipalités. Les échantillons devront en outre être recueillis directement chez des citoyens. «Le plomb est un élément toxique cumulatif dont les effets se font sentir même à faibles doses, notamment au niveau du système nerveux central (altération du développement intellectuel, du comportement et de la croissance)», indique le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) sur son site internet. Les fœtus des femmes enceintes et les enfants de six mois et moins sont particulièrement à risque.

D’après le MDDEP, les mesures prises pour diminuer le plomb dans l’essence, la peinture et la tuyauterie ont porté fruit. La concentration de plomb dans le sang des Montréalais «est passée  de 200 µg/L au début des années 1970 à environ 30 µg/L aujourd’hui; alors que le niveau d’action, celui qui est jugé préoccupant, est de 100 µg/L», note le ministère.

La Ville de Montréal compte investir 270 M$ d’ici 2026 pour remplacer les entrées de service construites en plomb. Il s’agit de tuyaux qui relient la tuyauterie des résidences au réseau d’aqueduc. De plus, la Ville mesure régulièrement le plomb dans l’eau potable des secteurs à risque, soit ceux où se trouvent des édifices de moins de huit logements construits avant 1970. «On va déjà bien au-delà de la réglementation», indique Philippe Sabourin, porte-parole de la Ville.

Le problème, selon une source, c’est que le règlement québécois prévoit encore que l’échantillonnage soit fait à partir d’une eau ayant coulé cinq minutes. Il s’agit d’une norme canadienne. De son côté, l’Europe recommande qu’il soit effectué à partir de l’eau qui coule directement du robinet quand on l’ouvre. «Quel citoyen laisse couler l’eau cinq minutes avant de la boire?» se demande cette source, qui déplore que le protocole utilisé fasse baisser les chiffres.

L’étude de 2006 réalisée par la Ville semble lui donner raison. Cette année-là, 111 ré­­sidences à risque, dotées d’en­trées de service en plomb, avaient été étudiées. En appliquant le protocole québécois,  
57 logements se situaient au-dessus de la norme de 10 µg/L, tout en étant en deçà de l’ancienne norme de 2001. Avec le protocole européen, on aurait plutôt découvert que 79 logements dépassaient la norme.

Selon Monique Beausoleil, toxicologue à la Direction de la santé publique de Montréal, le protocole québécois est suffisant dans les municipalités de l’île de Montréal, car il a permis de déceler des entrées d’eau au plomb. «Cette technique est beaucoup moins invasive pour les citoyens», ajoute-t-elle.

Quoi faire ?
Si vous habitez un édifice de moins de huit logements construit avant 1970 :

  • Vérifier en appelant le 311 si l’entrée de service est en plomb.
  • Changer la partie qui vous incombe. La municipalité doit faire de même de son côté, pour la moitié qui se rend à l’aqueduc.

  • Un changement partiel serait vain. À cause du phénomène de la corrosion galvanique, une seule partie de l’entrée remplacée par du cuivre accélère la corrosion du plomb.
  • À défaut, fixer un filtre au robinet. 

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