Rafael Sottolichio: voir Montréal en couleur
En gestion, l’approche ascendante consiste à interroger les employés de la base pour formuler des politiques qui répondent vraiment aux besoins de l’organisation. On estime que parce qu’ils sont directement sur le terrain, ces travailleurs sont les mieux placés pour identifier les problèmes. Par exemple, on demandera au réparateur de photocopieurs comment améliorer les appareils plutôt que de chercher des solutions seulement auprès des ingénieurs. Dans le cadre de la présente campagne électorale, nous nous sommes inspirés de cette approche en demandant à des employés de diverses structures de la Ville ce dont Montréal aurait besoin selon eux.
Mandaté par l’organisme MU, Rafael réalise des murales sur des murs appartenant à la Ville de Montréal.
Nous l’avons rencontré alors qu’il peignait sur un HLM.
Quelle est la première chose que vous feriez si vous étiez maire de Montréal?
Je diminuerais la circulation encore plus, en créant des parcs au milieu des rues. Les villes sont trop faites pour les voitures. Je ferais des plans d’urbanisme plus contraignants, mais en partenariat avec les gens d’affaires pour éviter les chicanes.
Comment pourrait-on embellir la ville?
En diminuant l’espace alloué aux publicités. Il y a des quartiers patrimoniaux qui sont complètement défigurés par des publicités qui, souvent, répondent à nos plus bas instincts. Moi, j’ai une fille de cinq ans et je ne veux pas qu’elle soit exposée à une image stéréotypée de la femme. À plus petite échelle, je créerais davantage de ruelles vertes parce que ça améliore la vie de quartier.
Qu’est-ce que la Ville pourrait faire pour améliorer votre travail?
Mon seul gros problème en tant que muraliste, ce sont les graffitis, mais pour contrer ça, la cœrcition n’a jamais été une solution. Il faudrait créer plus d’espaces pour que les jeunes puissent s’exprimer. Peut-être que ça pourrait être fait en partenariat avec le milieu des affaires, comme ç’a été le cas pour le festival Mural sur le boulevard Saint-Laurent cet été. Ce sont des projets comme ça qui font que la ville est belle, même si je comprends qu’il y en ait encore qui associent la bombe aérosol au désordre.
Quels sont les meilleurs projets de murales?
Ceux où la communauté est impliquée. Par exemple, à l’occasion, j’invite les jeunes à apporter leur grain de sel dans mes murales.
De quelle ville Montréal devrait-elle s’inspirer?
Pour l’art de rue, on devrait s’inspirer de Philadelphie, dont la volonté est de se transformer en musée à ciel ouvert. Mais pas pour le reste, parce que là-bas, ils ont des inner city, des quartiers défavorisés où on ne voudrait pas mettre les pieds. On est chanceux de ne pas avoir ça ici.
Vous faites souvent des projets dans les quartiers défavorisés. Comment pourrait-on y améliorer la qualité de vie?
Tout passe par l’implication des résidants dans leur milieu de vie: il faut que les gens prennent eux-mêmes leur quartier en main et qu’ils n’aient pas l’impression que des décisions leur sont imposées du haut vers le bas.
Les opinions émises dans cette entrevue ne reflètent que la position personnelle du fonctionnaire et non celle de son organisation.
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