La Terre dans les yeux de Chris Hadfield
Près de huit mois après avoir pris sa retraite de l’exploration spatiale, l’astronaute canadien Chris Hadfield ne pense pas moins à la place de notre planète dans l’univers. Et c’est pour sensibiliser la jeune génération à la fragilité de notre habitat qu’il a pris la parole jeudi à Montréal.
Celui qui a ébloui la twittosphère par ses renversants clichés de la Terre pendant son séjour à bord de la Station spatiale internationale (SSI) l’an dernier s’exprimait à la Place des Arts devant un parterre composé majoritairement de quelques centaines d’élèves invités par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.
Des Grands Lacs canadiens au Outback australien, le colonel Hadfield a littéralement transporté la foule avec lui à bord de la navette spatiale pour un tour du monde.
«On comprend réellement la fragilité de la planète Terre lorsqu’on la regarde de l’extérieur, a illustré celui qui a visité l’espace à trois reprises. C’est ici que nous vivons, et nous pensons que ce monde est garanti. Nous croyons qu’il est permanent, alors que ce n’est qu’une bulle d’air qui flotte dans l’univers», a expliqué M. Hadfield tantôt en français, surtout en anglais, et par moments en russe.
Selon le célèbre moustachu, qui a insisté tout au long de son allocution sur la notion de leadership, l’humanité doit prendre conscience des difficiles conditions de la vie sur terre (mince croûte terrestre, atmosphère respirable de 5 km d’épaisseur, etc.).
«Il faut apprendre à visualiser l’échec», a avancé Chris Hadfield. Il a marqué son propos en évoquant l’exemple du désastre de la navette Columbia, qui a causé la mort de sept astronautes en 2003. «Nous avons tué ces gens», a-t-il soutenu, en référence aux scientifiques qui observaient la mission depuis la terre ferme. J’ai appris que, quand quelque chose ne tourne pas rond, c’est la responsabilité de tous de s’en occuper à tout prix.»
Hadfield, premier Canadien à effectuer une sortie spatiale, a également pris le temps de parler de son expérience comme pédagogue de l’espace à bord de la SSI alors qu’il était en constante communication avec les gens sur terre. «Tous ces gens qui m’ont regardé sur l’internet ou à la télé, à quoi ont-ils rêvé?» s’est-il interrogé.
Ce sentiment d’avoir fait germer de grands rêves dans l’esprit des gens est, pour Chris Hadfield, son plus grand accomplissement. «L’espace m’a donné un nouveau sens du Nous et fait comprendre l’importance d’envisager l’avenir tous ensemble, et non les uns contre les autres.»
Se serrer la ceinture
En ces temps de restrictions budgétaires, Chris Hadfield a refusé de critiquer le désengagement financier des gouvernements dans les programmes spatiaux comme l’Agence spatiale canadienne ou la NASA, aux États-Unis. «L’économie est un problème difficile partout dans le monde […]. Quand on manque d’argent, il faut faire des choix, mais ça ne doit pas nous empêcher d’avancer», a-t-il expliqué en point de presse après la conférence.