Québec appelé à mieux soutenir les centres d’éducation populaire
Québec doit s’engager à assurer la survie des centres d’éducation populaire (CEP).
C’est ce que recommandent des chercheurs de l’Université du Québec à Montréal dans un rapport de recherche rendu public vendredi. Les professeurs Anouk Bélanger et Paul Bélanger ainsi que David Labrie-Klis, qui est diplômé en sociologie, ont voulu cerner la spécificité des CEP et démontrer leur contribution à la société.
«L’éducation populaire autonome doit être supportée comme une activité éducative par l’État, écrivent les chercheurs dans leur rapport de recherche intitulé La pertinence des Centres d’éducation populaire de Montréal. Cependant, toute activité sociale et action communautaire n’est pas une activité d’éducation populaire, bien qu’elle puisse avoir une portée éducative informelle.»
Ils suggèrent aussi à la Commission scolaire de Montréal (CSDM), qui accorde un soutien financier aux CEP et les abrite dans ses bâtiments, de continuer de se battre pour obtenir un financement gouvernemental dédié aux six CEP de l’île de Montréal. Ceux-ci sont logés et financés jusqu’au printemps 2015 par le CSDM. Celle-ci a annoncé qu’elle n’était plus en mesure de les soutenir en raison des ses difficultés financières.
Les six CEP montréalais ont besoin de 10M$ pour rénover leur bâtiment et d’environ 2M$ par année pour offrir des services.
Les chercheurs ont souligné l’apport des CEP en mentionnant que ce sont des lieux de rencontre, qui permettent à des citoyens d’améliorer leur qualité de vie. Différents cours y sont donnés, notamment sur la cuisine, la couture, l’informatique et l’apprentissage d’une nouvelle langue. Des ateliers y sont aussi organisés sur des sujets tels que le système de justice, les déclarations d’impôts ou l’environnement. Des rencontres plus informelles ont aussi lieu afin que les gens du quartier puisse partager leurs préoccupations quotidiennes.
«Dans leur quartier respectif, les six centres assurent à tous les citoyens, peu importe leur degré de scolarité et leurs moyens financiers, l’accès à l’éducation non seulement tout au long, mais aussi dans tous les domaines de leur vie, indique le rapport de recherche. C’est là un apport majeur pour l’avenir de ces quartiers et en particuliers pour les personnes les moins favorisées qui y vivent», est-il écrit dans le rapport.
Le ministre de l’Éducation, Yves Bolduc, a rencontré au début du mois les représentants des CEP de Montréal. Il leur a proposé un bail d’une durée de trois ans, a rapporté son attachée de presse, Yasmine Abdelfadel. M. Bolduc attend une réponse la CSDM. «On voudrait régler le dossier le plus rapidement possible», a dit Mme Abdelfadel.
La députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Manon Massé, pense pour sa part que c’est le Conseil du trésor qui empêche un règlement rapide. «Tout le monde s’entend pour dire que, là où le bât blesse, c’est une question d’argent, a-t-elle dit. [Le président du Conseil du trésor], Martin Coiteux, doit prendre conscience qu’il y a d’autres façons d’apprendre la vie et de s’éduquer», a-t-elle dit.
Ayant elle-même travaillé dans les CEP, Mme Masson croit mordicus en leur pertinence. «D’investir dans ces centres, c’est de continuer d’assurer une cohésion sociale dans les quartiers les plus défavorisés, a-t-elle expliqué. Plusieurs des personnes qui y vivent se sentent exclues du marché d’éducation traditionnel. Leur passage dans un CEP leur donne la possibilité de retrouver leur estime d’eux-mêmes et, pour plusieurs, de retourner s’asseoir dans sur les bans d’école.»