Avenir des CLD: seulement six organismes couvriront l’île de Montréal
L’île de Montréal sera prochainement desservie par seulement six organismes locaux de développement économique, qui remplaceront les neufs centres locaux de développement (CLD).
Le maire de Montréal, Denis Coderre, qui est aussi l’élu responsable du développement économique à la Ville, a présenté vendredi à des élus son projet de réforme qui révisera complètement le réseau des CLD et qui modifiera la structure des neufs corporations de développement économique et communautaire (CDEC).
Les CDEC reçoivent du financement de Québec et d’Ottawa, contrairement aux CLD, qui obtiennent de l’argent seulement du gouvernement de Québec. Les deux organismes ont comme mission de soutenir l’entreprenariat.
Les nouveaux organismes à but non lucratif (OBNL) couvriront chacun un secteur, qui comprendra plusieurs arrondissements et villes-liées. Ils seront chapeautés par de nouveaux conseils d’administration de douze membres. Des élus y siégeront, de même que des entrepreneurs, des professionnels ainsi que des représentants des milieux de la recherche et de l’innovation, de l’économie sociale et des associations d’affaires. Les organismes communautaires, les syndicats, les institutions et les citoyens n’y seront pas représentés.
Dans le courriel que le directeur du développement économique, Serge Guérin, a envoyé vendredi aux directeurs des CLD et des CDEC, dont Métro a obtenu copie, il est indiqué qu’un «processus de sélection» sera mis en place pour décider d’ici le 10 février quels organismes seront regroupés ou si de nouveaux devront être créés. «Suite à cette étape, nous procéderons à l’élaboration des nouvelles ententes entre la Ville de Montréal et ces 6 OBNL. L’échéancier fixé est le 15 mars 2015», a écrit M. Guérin.
Le directeur du développement économique a justifié ce projet de réforme par les compressions imposées par le gouvernement du Québec, dans le pacte fiscal transitoire, qui privent la Ville de Montréal de 75M$. «Cette révision doit être vue comme une opportunité d’optimiser le système actuel afin de mieux répondre aux besoins des entreprises et entrepreneurs», a écrit M. Guérin.
Les directeurs des CDEC et des CLD n’ont pas voulu réagir publiquement au projet du maire Coderre. Ils avaient proposé de réduire le nombre d’organismes locaux de développement économique à douze puis à huit, ce qui a été refusé par l’administration municipale. Ils attendent de rencontrer les autorités municipales pour trouver réponses à leurs questions. Ils se sont dits inquiets et surpris par les détails qui leur sont parvenus par courriel vendredi.
«C’est une bombe atomique pour le développement économique local», a pesté pour sa part le maire de Rosemont-La Petite Patrie, François Croteau, lundi. Il a décrié cette réforme du réseau des CLD qui a été préparé «en vase clos» selon lui et qui ne reconnaît nullement les affinités entre les arrondissements.
«Tout cela est absurde, s’est exclamé l’élu de Projet Montréal. [Ce projet] va à l’encontre des consensus locaux et il va nuire davantage au développement économique que de l’aider.»
Le maire de Montréal a expliqué aux élus vendredi que les CDEC pourront continuer à fonctionner, parallèlement au nouveau réseau de CLD, ce qui a fait fulminer M. Croteau puisque les entrepreneurs devront frapper à plus d’une porte pour obtenir du soutien.
Le maire du Sud-Ouest, Benoit Dorais s’est dit inquiet de son côté pour l’avenir des CDEC qui risquent de perdre une part importante de leur financement. Il croit aussi que le projet aurait dû être élaboré à la suite d’une vaste consultation avec les élus.
«Le maire a dit « j’ai décidé et voici le scénario », a rapporté le chef de la Coalition Montréal. C’est dommage. Le maire aurait pu faire preuve de plus d’ouverture.»