L’Université de Montréal a trouvé un acheteur pour le 1420 Mont-Royal
TC Media révélait en exclusivité le 23 avril que l’établissement qui appartenait à la Congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, dont l’Université de Montréal a fait l’acquisition en octobre 2003, a finalement trouvé preneur.
«Le nom de l’acheteur sera dévoilé bientôt et des travaux débuteront avant le mois de septembre, a appris à TC Media le porte-parole de l’UdeM, Mathieu Filion. C’est toutefois l’acheteur en question qui donnera plus de détails sur le projet».
L’administration de l’UdeM devait trouver un acheteur et commencer les travaux avant l’automne 2015 pour conserver la vocation résidentielle qui avait été attribuée au bâtiment par le conseil municipal de Montréal, il y a cinq ans.
Pour le moment, impossible de savoir si le patrimoine bâti sera conservé. Toutefois, le porte-parole de l’UdeM rappelle que le bâtiment n’est pas classé patrimonial et qu’il est actuellement une vocation résidentielle.
Spéculations
«Il faut demeurer prudent, c’est peut-être un acheteur qui en fera des résidences étudiantes, croit Jean-Claude Marsan, architecte, urbaniste et militant du Rassemblement pour la sauvegarde du 1420 boulevard Mont-Royal. Tout ce qu’il faut éviter, c’est que le couvent soit vendu au privé et que des logements de luxe soient développés».
Le chef intérimaire de Projet Montréal, Luc Ferrandez, abonde dans le même sens. «Si le couvent est vendu à une firme privée, ce sera une grande déception de voir que la Ville-centre n’a pas réagi alors qu’elle le pouvait, souligne M. Ferrandez. Par contre, si l’Université a décidé d’en faire des logements étudiants, ça voudra dire qu’ils nous ont finalement écoutés».
Depuis 2009, le maire du Plateau milite pour la protection du bâtiment. Il a d’ailleurs déposé une motion en février, au conseil municipal de Montréal, qui avait pour but de restituer la vocation institutionnelle du bâtiment. Une proposition qui avait été rejetée par l’équipe Coderre.
Le professeur de philosophie et secrétaire du Rassemblement , Michel Seymour, accueille les deux options avec scepticisme. «Je doute que des résidences y soient développées puisque le nouveau campus, situé sur l’ancienne gare de triage d’Outremont, en possédera des centaines», explique-t-il. Selon lui, il est peu probable qu’une entreprise souhaite construire des condos. «Non seulement le marché est saturé, mais le bâtiment nécessite 200M$ de rénovations».
Pour M. Seymour, l’option la plus plausible est celle d’un acheteur qui fera de petites modifications avant septembre pour respecter les closes du contrat, et qui s’en servira ensuite pour faire de la spéculation immobilière.
La lutte continue
M. Ferrandez souligne que si c’est une firme privée qui reprend le terrain, Projet Montréal fera preuve d’énormément de vigilance pour que l’entente de développement, qui était très restricitive, soit respectée de A à Z. «L’accès à la montagne, l’accès à la chapelle, la conservation de la façade, nous allons tout vérifier», indique-t-il.
M. Seymour considère que la lutte du Rassemblement risque de continuer parce que la situation deviendra plus politique que jamais. «Nous sommes une vingtaine dans le dossier, nous le connaissons par cœur, nous nous sommes rencontrés 35 fois, nous avons dépensé 60 000$ pour nous battre contre le nouveau règlement zonage. Nous allons continuer de nous réunir et de faire valoir nos arguments», dit-il.
De nouvelles craintes
Éloise Choquette, aussi membre du Rassemblement, déplore l’attitude actuelle du rectorat de l’UdeM, «qui se débarrasse de ses bâtiments lorsqu’ils commencent à être vétustes».
Selon le Rassemblement ainsi que Projet Montréal, il ne serait pas surprenant que la faculté de musique, le pavillon Vincent d’Indy, soit le prochain sur la liste.
«Ce sera triste de voir le campus se scinder alors que ça aurait été possible de soigner le développement du campus à même le campus existant», souligne M. Ferrandez.
La conseillère de l’arrondissement d’Outremont, Jacqueline Gremaud, aussi présidente du Comité consultatif d’urbanisme (CCU) affirme que «les membres professionnels du CCU approuveront les plans pour le projet du 1420 Mont-Royal le 6 mai prochain». Au moment de mettre sous presse, elle ignorait toutefois le contenu de ces plans.
En 2008, l’Université de Montréal vendait l’ancien couvent pour 28M$ au groupe Construction Frank Catania et Associés, qui désirait transformer l’édifice en 135 condos de luxe. En décembre 2012, le Conseil de l’Université avait décidé de ne pas prolonger l’offre d’achat conclue avec le groupe de construction, mais avait toutefois «réitéré sa décision de vendre cet immeuble».