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«La mauvaise gestion de l’eau, ce n’est pas nouveau à Montréal»

Photo: Archives TC Media

L’ancien maire de Pointe-aux-Trembles et responsable de l’eau de la métropole dans les années 80 est limpide: l’éventuel déversement de milliards de litres d’eau usée dans le fleuve est le résultat de 30 ans de négligence.

«La mauvaise gestion de l’eau, ce n’est pas nouveau à Montréal», soutient Maurice Vanier, à qui le maire Jean Drapeau avait confié la responsabilité de gérer les infrastructures de l’eau de 1983 à 1986. Selon lui, des investissements majeurs auraient été nécessaires pour éviter la crise actuelle.

«Le déversement ouvre le débat et on ressent une certaine inquiétude de la part des citoyens et des médias. Toutefois, il ne faut pas que blâmer l’administration actuelle, mais toutes celles qui lui ont précédé et qui n’ont pas fait leurs devoirs.»

M. Vanier qui a entre autres géré le dossier de l’implantation de la station d’épuration à Rivière-des-Prairies, explique qu’il aurait été impératif d’en construire d’autres. «Toutes les autres grandes villes ont plus qu’une station d’épuration. Mais au moment où nous avons voulu en construire une autre, le provincial n’a pas cru bon de la financer et le projet n’a finalement jamais vu le jour.»

Il ajoute qu’il aurait été également nécessaire de bâtir d’autres intercepteurs, les conduites qui acheminent l’eau usée vers la station d’épuration. «En ce moment, nous en avons trois, mais il aurait fallu en construire d’autres à travers les années pour s’assurer de la bonne gestion de l’eau», dit-il.

M. Vanier reconnaît tout de même que des efforts ont été mis de l’avant par l’administration actuelle pour corriger la situation. «Mme Rouleau [Chantal Rouleau], est l’initiatrice de plusieurs projets dont l’inversement des raccordements inversés ou la construction du bassin de rétention à Rivière-des-Prairies. Des initiatives que nous applaudissons, mais qui ne semblent pas suffire.»

Un problème de désinformation

M. Vanier dénonce également le manque d’information. «On nous dit que le fleuve est capable d’en prendre, que cela va se dissoudre et qu’en conséquence, c’est inoffensif, mais on ne nous a pas encore montré une étude d’impact réelle qui le prouve», affirme-t-il.

Il déplore le fait que la ville n’ait pas pris le temps de «bien informer» ses citoyens quant au possible déversement d’eaux usées dans le fleuve.

«Le maire Coderre est au courant de ce déversement depuis un an, nous on le sait depuis à peine quelques jours et ça semble tellement urgent, que les gens n’ont pas le temps de réfléchir à ce qui se passe vraiment», dit-il.

«On s’en occupe», dit la mairesse

Du côté de la ville, Chantal Rouleau, mairesse de l’arrondissement et actuelle responsable de l’eau et de ses infrastructures à Montréal, admet qu’il y aurait eu du travail à faire au cours des 30 dernières années.

«Oui, il aurait fallu s’en occuper, mais c’est que nous faisons présentement. Nous sommes la seule administration qui a pris la gestion de l’eau au sérieux. Ce déversement, nous ne le faisons pas de gaieté de cœur, mais nous n’avons pas le choix de le faire.»

Elle rappelle que ces rejets se feront de façon «contrôlée» de façon à diminuer le plus possible les impacts sur le fleuve. «Nous avons choisi de le faire en cette période de l’année, lorsque l’eau est froide (13°C) pour éviter la prolifération de bactéries. Nous n’avons pas d’autre solution que de le faire ou investir des milliards afin de contourner l’eau en question», dit-elle, ajoutant que les travaux en question permettront également d’améliorer la fluidité de l’intercepteur en question, ce qui à son tour, améliorera la qualité de l’eau du fleuve Saint-Laurent.

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