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Les tornades au Québec: où ont-elles lieu et comment les mesurer?

Lac Verne, en 2016
Lac Verne, en 2016 Photo:

[Ce texte date de septembre 2016]

Quelles sont les conditions qui favorise la formation de tornades au Québec? Comment les mesurer? Où ont-elles lieu les tornades dans la province? Tour d’horizon.

Quelles sont les conditions propices à la formation des tornades?

Une tornade est un tourbillon de vents violents qui s’étend de la base d’un nuage jusqu’au sol. «Les tornades, ce n’est pas un phénomène qui se promène tout seul. Ça vient absolument avec un orage violent», affirme Marie-Ève Giguère, météorologue d’Environnement Canada (EC). Parmi les ingrédients qui font une tornade, on note l’humidité, la chaleur et le cisaillement de vent, un phénomène qui se produit quand des vents de différentes provenances se superposent. Mais même si ces indices sont repérés par les outils météorologiques, il est très difficile de prévoir les tornades. «Elles se développent rapidement, et c’est très local. Les préavis qu’on peut faire se mesurent en minutes», affirme Mme Giguère.

«Prédire une tornade, c’est une des tâches les plus difficiles pour un météorologue.» – David Sills, scientifique du temps violent à Environnement Canada

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Comment les mesurer?

Environnement Canada fait des enquêtes pour savoir s’il y a eu ou non passage d’une tornade. Pour ce faire, les météorologues ont une liste de critères précis à évaluer. «Pour qu’on puisse confirmer une tornade, il faut qu’on ait un témoin oculaire ou des dommages évidents à des structures ou des arbres», détaille Marie-Ève Giguère.

L’intensité des tornades a longtemps été mesurée par l’échelle de Fujita, qui classe les tornades selon une échelle de F0 à F5. Elle détermine la vitesse des vents selon les dégâts causés. Une version mise à jour de l’échelle de Fujita – l’échelle de Fujita améliorée – est toutefois celle qui est utilisée par Environnement Canada depuis le 1er avril 2013. Les tornades sont ainsi classées selon des barèmes de EF0 à EF5. Les dommages associés aux catégories demeurent les mêmes, mais les vitesses des vents est maintenant mieux corrélée selon des études d’ingénierie.

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Les EF3 sont rares au Québec. La dernière F3 répertoriée a frappé Maskinongé en 1991 (une autre F3 avait été identifiée à Aylmer, en 1994, mais elle a par la suite été reclassée F2). Quinze personnes avaient été blessées pendant cet événement en Mauricie et 60 % des bâtiments du village ont été endommagés. Une EF2 a eu lieu cet été, au Lac Verne. Deux personnes ont été blessées. Mais la majorité des tornades dans la province sont de force EF0.

Les répertoires de EC ne retracent pas de tornades plus fortes que EF3 au Québec. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y en a jamais eu: «C’est possible qu’il y en ait eu, mais personne ne les a vues!», avance Mme Giguère. Le vaste territoire québécois, largement inhabité, rend presque impossible de rendre compte de toutes les tornades qui pourraient s’y produire. C’est aussi un peu pour cette raison que les lieux où on identifie le plus de tornades sont au sud de la province (et du pays): c’est là où il y a les plus de témoins possibles et où les dommages peuvent être les plus importants.

«Des fois ça frappe juste un côté de la rue, toutes les maisons sont détruites, et de l’autre côté, tout tient debout encore» – Marie-Ève Giguère, météorologue d’Environnement Canada

Les tornades ont une signature particulière. Les arbres abattus et couchés en rond sont un indice. Mais ce n’est pas tout. «En regardant le type d’arbres, la profondeur des racines, quel pourcentage d’arbres a été abattu, on arrive à déterminer la force de la tornade. La manière dont les débris sont projetés, plantés dans le sol ou éparpillés, ça nous donne un indice sur les vents. Si des granges ont été pulvérisées au complet, la façon dont les toitures ont été soulevées, ça nous dit si c’était une rafale d’orage ou une tornade», explique Marie-Ève Giguère.

Parfois, les météorologues se déplacent pour évaluer les dommages sur place. D’autres fois, ils peuvent faire le travail à distance, à l’aide de vidéos ou de photos.

En mai, Mme Giguère a été appelée à enquêter à la suite de vents violents à Saint-David, en Montérégie. «Sur 2 km de long, il y avait des granges complètement détruites avec des débris sur des centaines de mètres, des trous dans les façades des maisons, un tracteur viré sur le côté. Ce sont des vents violents associés aux tornades, qui peuvent atteindre la force EF0 ou EF1. Des vents de micro rafales comme ça peuvent atteindre 140 km/h, mais ce n’est pas des tornades.»

Les gens peuvent ainsi croire à des tornades alors qu’il s’agit d’un phénomène différent. «Mais que ce soit une tornade ou une micro rafale, les vents sont destructeurs. Que ça tourne ou que ça soit en ligne droite, c’est vraiment quelque chose être là dedans.»

La plus ancienne tornade répertoriée au Canada

La plus ancienne tornade répertoriée au Canada a eu lieu en 1792, dans la région de Niagara. Elle a parcouru 6 km entre Fonthill et Port Robinson. C’était une F2. «Elle a tracé un sentier tel qu’une route a été construite où il y a eu la trainée. La légende veut que ce soit une route toujours existante, qui s’appelle Hurricane road, détaille David Sills, scientifique du temps violent à Environnement Canada. Avant, on appelait souvent les tornades des ouragans, d’où le nom.»

M. Sills précise qu’un chercheur à Environnement Canada, Michael Newark, avait étudié les archives des journaux pour retracer les tornades «anciennes».

En vrac:

  • Une tornade se déplace en moyenne à 50 km/h et sa largeur moyenne est de 100 mètres. Une tornade dure habituellement une quinzaine de minutes, mais peut se dérouler sur plusieurs heures.
  • Il faut absolument un témoin oculaire ou un constat de dommages pour déterminer qu’il y a eu tornade.
  • Soixante-deux tornades se produisent en moyenne par année au Canada. La province où se déroulent le plus de tornades est la Saskatchewan.
  • La plus forte tornade enregistrée au Canada a eu lieu en 2007, à Elie au Manitoba. De force F5, elle a complètement soulevé et pulvérisé une maison.
  • Il n’est pas possible de dire si le phénomène prend de l’ampleur à cause des changements climatiques, par exemple, puisqu’on peut difficilement comparer les données d’années en années. Les changements technologiques dans les outils de mesure, de même que la possibilité accrue pour les citoyens de prendre des photos et des vidéos et de fournir des témoignages rend les comparaisons difficiles.
  • Quand un avertissement de tornade survient près de chez soi, il est recommandé d’aller dans une pièce sans fenêtre d’un bâtiment ou au sous-sol.

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