Opioïdes: une urgence de santé publique réclamée
OTTAWA — Des professionnels du milieu médical ainsi que des Canadiens qui combattent le fléau de la dépendance aux opioïdes exhortent Ottawa à déclarer une urgence de santé publique à l’échelle nationale.
À l’occasion de la conférence sur les opioïdes tenue à Ottawa qui se déroulera ce week-end, les politiciens s’entretiennent avec des experts en santé publique, des médecins ainsi que des citoyens en deuil de proches toxicomanes afin de se pencher sur la montée en flèche des surdoses mortelles.
Le docteur David Juurlink, du Centre des sciences de la santé Sunnybrook, à Toronto, affirme que la crise des opioïdes requiert maintenant une intervention des plus hauts ordres de gouvernement. Il estime que la déclaration d’une urgence de santé publique habiliterait les autorités médicales à s’attaquer au problème de front.
Le porte-parole néo-démocrate en matière de santé, Don Davies, partage cet avis et urge à Ottawa à coordonner les efforts à l’échelle du pays.
La conférence des 18 et 19 novembre est coprésidée par la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott et son homologue ontarien, Eric Hoskins — tous deux des médecins.
Le fait que des Canadiens meurent quotidiennement en raison de la consommation d’opioïdes n’a pas échappé au gouvernement fédéral, assure Mme Philpott. La ministre reconnaît qu’une approche pancanadienne s’avère maintenant nécessaire pour limiter les dégâts.
Elle a reconnu être insatisfaite des programmes de surveillance et de la compilation de données en matière de la prescription de ces analgésiques, de leur provenance, de même que du nombre de surdoses fatales qu’ils provoquent.
Le Canada occupe le deuxième rang mondial en matière de consommation d’opioïdes sur ordonnance par habitant, a-t-elle déploré, alors que dans certaines régions, les surdoses font plus de morts que les accidents de véhicules automobiles.
La première ministre de Colombie-Britannique, Christy Clark, a réclamé que le gouvernement fédéral prenne les mesures nécessaires pour contenir le flux de fentanyl provenant de Chine. Cet opioïde avait fait grimper le nombre de surdoses mortelles dans la province, poussant son gouvernement à déclarer une urgence de santé publique en avril.
Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a soutenu jeudi que le Canada devra solliciter l’aide de la communauté internationale et munir ses services frontaliers du personnel et des technologies adéquates en ce sens.