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Oléoducs: l’erreur humaine à la source des fuites

Photo: Archives Métro

CALGARY — Les erreurs humaines — allant de l’enfouissement d’un oléoduc trop en surface au manque de resserrement des boulons — sont de plus en plus à l’origine des fuites d’oléoducs, selon les données d’une agence fédérale.

Les chiffres compilés par l’Office national de l’énergie (ONÉ) démontrent que dans les trois dernières années, des manœuvres incorrectes de travailleurs qui n’ont pas bien suivi les instructions ou qui ont mal utilisé l’équipement ont causé en moyenne 20 fuites par année. Il s’agit d’une hausse par rapport à la moyenne de quatre fuites par an dans les six dernières années.

Selon Mark Fleming, un professeur de culture en sécurité de l’Université Saint-Marie à Halifax, c’est l’enjeu le plus difficile à gérer pour les entreprises, mais aussi le plus important pour elles.

Les opérateurs ont amélioré leurs pratiques en termes de sécurité, mais pour atteindre les hauts niveaux de sécurité des autres industries comme l’aéronautique et le nucléaire, ils doivent porter une attention particulière aux détails, selon M. Fleming.

Les hauts niveaux de sécurité requièrent «une attention et un effort particulier», alors que généralement, ces facteurs sont en déclin, dit-il.

Les oléoducs installés aux États-Unis dans les cinq dernières années ont enregistré le plus haut taux d’échec depuis les années 1920 et l’erreur humaine en est partiellement responsable, selon Carl Weimer, directeur général de l’organisation Pipeline Safety Trust, basée à Washington.

«Plusieurs nouveaux oléoducs sont placés sous terre ne sont juste pas bien installés ou les choses ne sont pas assez resserrées, alors pendant la première ou la deuxième année (en service), il y a des problèmes», a-t-il analysé.

Le mauvais entretien des oléoducs a provoqué plusieurs déversements dans les récentes années, ce qui a contaminé des rivières, des rues et des forêts.

Les enquêtes de l’autorité albertaine de l’énergie sur l’entreprise Plains Midstream Canada, par exemple, ont démontré que cette dernière n’avait pas inspecté assez fréquemment ou assez consciencieusement ses oléoducs, qu’elle avait mal géré le territoire dans les alentours et qu’elle avait mal formé ses employés.

Un audit subséquent a révélé que l’entreprise avait amélioré ses pratiques de sécurité, mais pas avant que ne survienne un déversement de 4,5 millions de litres de pétrole, en 2011, près de la rivière de la Paix, en plus d’une fuite de 463 000 litres dans la rivière Red Deer un an plus tard.

En 2015, une fuite dans un oléoduc de Nexen Energy au sud de Fort McMurray, en Alberta, a entraîné le déversement d’environ cinq millions de litres d’un mélange de bitume, d’eau et de sable, qui contenait environ 1,65 millions de litres de pétrole. L’enquête de l’autorité albertaine de l’énergie est toujours en cours, mais les conclusions préliminaires de l’entreprise indiquaient que la conception de l’oléoduc était incompatible avec les conditions du sol et qu’il n’avait pas été installé convenablement.

«Il y a eu plusieurs apprentissages dans notre industrie qui ont donné lieu à des incidents très malheureux», a exposé Patrick Smyth, vice-président en sécurité et en ingénierie à l’Association canadienne de pipelines d’énergie (CEPA).

Selon M. Smyth, la CEPA, qui représente des entreprises responsables d’oléoducs telles que TransCanada et Plains Midstream, a amélioré ses mesures de sécurité.

Il souligne le fait que les membres de la CEPA aient déversé seulement 2500 litres de pétrole en 2015 parce qu’ils ont de meilleures pratiques et qu’ils disposent de meilleurs outils d’inspection.

M. Fleming estime que l’atteinte de hauts niveaux de sécurité semblables à l’industrie de l’aéronautique pourrait nécessiter un sacrifice financier important.

«Pour pouvoir faire ça, vous devez avoir une approche très prudente en travaillant et cela est difficile sur le plan financier», a-t-il précisé.

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