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Procès Charest: des présumées victimes témoignent

Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

SAINT-JÉRÔME, Qc — Bertrand Charest utilisait alternativement le sexe, la menace, la culpabilisation et l’indifférence pour manipuler les skieuses sous sa responsabilité.

C’est ce qu’est venu raconter une de ses présumées victimes au jour 3 du procès de l’ex-entraîneur de ski, lundi, au palais de justice de Saint-Jérôme.

Nancy (nom fictif) a dit avoir constaté dès son arrivée avec l’équipe nationale, en 1996, que Bertrand Charest avait des favorites en alternance.

Lorsqu’elle avait découvert qu’il entretenait une relation avec l’une d’elles, elle lui avait dit qu’il ne pouvait pas agir ainsi en tant qu’entraîneur. Celui-ci avait alors convaincu Nancy de l’aider à laisser l’autre skieuse et s’était du coup attelé à la tâche de la séduire à son tour, lui disant qu’il était en amour avec elle.

Une première relation sexuelle était survenue dans les mois suivants dans la toilette d’un hôtel en Europe, alors qu’elle était âgée de 19 ans. «Je me sentais sale», a confié la jeune femme à la Cour.

D’autres contacts et relations sexuels étaient survenus par la suite, parfois dans des endroits où il semblait «aimer le risque d’être pris».

Déchirée entre l’impression d’être en amour avec lui et la conscience que la relation était inacceptable, elle a tenté à plusieurs reprises de le laisser, mais l’entraîneur lui disait qu’il s’enlèverait la vie, ou il l’abandonnait à son sort et refusait de l’entraîner.

Alors qu’elle se croyait l’unique objet de son attention, elle s’est rendu compte qu’il entretenait aussi des relations avec deux autres skieuses. Pour sa défense, il avait soutenu qu’il couchait avec l’une parce qu’elle était suicidaire et avec l’autre parce que «ça la faisait skier plus vite».

«J’étais manipulée et contrainte», a affirmé la jeune femme, qui a dit s’être sentie «piégée».

Lorsque l’affaire a éclaté au grand jour en février 1998, Canada Alpin a averti Nancy et sa mère de ne pas ébruiter l’affaire sans quoi elle perdrait des commanditaires. L’avocat de Canada Alpin a refusé de les soutenir et la fédération sportive n’a pas suspendu la licence d’entraîneur de Bertrand Charest et ne l’a pas congédié, mais lui a plutôt permis de démissionner, a témoigné la jeune femme.

Plus tôt dans la journée, une autre jeune femme était venue raconter comment Bertrand Charest s’était «immiscé» dans sa vie privée, et ce, même lorsqu’il n’était plus son entraîneur.

Bianca (autre nom fictif) avait été entraînée par l’accusé alors qu’elle avait 13 et 14 ans, mais n’avait pas réussi à être admise dans l’équipe d’élite qu’il avait formée par la suite.

Elle était toutefois demeurée en contact avec lui durant quelques années par la suite, le voyant comme un confident.

À une certaine époque, Bertrand Charest lui avait dit à plus d’une reprise qu’il aimerait être son premier amant et que ce serait une expérience mémorable.

Elle a continué d’entretenir des liens avec l’accusé jusque vers l’âge de 19 ans, liens qui furent marqués par des échanges de lettres, mais sans plus.

Bianca n’a pas subi d’agression sexuelle; son témoignage s’inscrit davantage dans l’établissement du caractère de l’accusé.

Bertrand Charest fait face à 57 accusations, notamment d’agression sexuelle et d’abus de confiance envers 12 plaignantes qui étaient âgées de 12 à 19 ans au moment des faits allégués, dans les années 1990.

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