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Inondations: épreuves et solidarité à Rigaud

Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes
Giuseppe Valiante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

RIGAUD, Qc — La ville de Rigaud, à l’ouest de Montréal, le long de la rivière des Outaouais, a été l’une des municipalités les plus durement touchées par les inondations majeures au Québec depuis une semaine. Des rues entières sont submergées et des quartiers bordant la rivière ne sont accessibles que par bateau. Voici les récits de certains résidants de Rigaud qui tentent de sauver leur maison et aussi d’aider des voisins démunis.

Chris Amerides
Jeudi dernier, lorsque l’eau a commencé à monter le long de la rivière des Outaouais, Chris Amerides prenait conscience de la menace pesant sur son quartier. L’homme d’affaires s’est dit qu’il ferait mieux de s’acheter un bateau à moteur pour tenter de protéger sa maison — mais les stocks étaient épuisés.

«J’ai dû me rendre à Varennes», a-t-il indiqué, lundi, faisant référence à la municipalité située à environ 100 kilomètres à l’est de Rigaud. «Il n’y avait plus grand-chose ici. Je ne pouvais même pas en louer un.»

M. Amerides est plus chanceux que d’autres résidants. Sa maison donne sur la rivière, mais est située suffisamment en hauteur pour éviter les niveaux d’eau croissants. Depuis le début des inondations, il a transporté environ 24 personnes par bateau à travers le quartier pour leur permettre de vérifier l’état de leur domicile et transporter des biens.

Selon lui, les résidants du secteur n’étaient pas prêts à affronter une telle catastrophe naturelle.

«Les gens ont du mal. Ils sont à bout de force», a commenté M. Amerides à la barre de son bateau sur la rivière des Outaouais, dépassant une série de maisons submergées appartenant à des amis et à des voisins.

Veronica Davies
Veronica Davies débarque d’un camion près de la rivière des Outaouais, ayant espéré ramener du sable à sa demeure avant de réaliser qu’il n’y avait plus rien.

«Je ne sais même pas qui en amène ici», a-t-elle confié, lundi, regardant l’amas de boue où se trouvait auparavant une montagne de sable.

Elle habite dans le secteur avec son mari depuis environ huit ans, et ils venaient juste de terminer le nettoyage à la suite des inondations précédentes en avril.

«Et puis nous avons été frappés au premier jour de mai. Les planchers et les murs avaient été arrachés après les inondations d’avril et nous pensions que c’était la fin», a-t-elle souligné d’un ton découragé.

La maison de Veronica Davies comporte un mur d’environ quatre mètres de hauteur et de 45 centimètres d’épaisseur qui était censé protéger la demeure de la rivière. Il n’a pas fait son travail.

«C’est surréaliste, non?», a-t-elle lancé.

Sa compagnie d’assurance a indiqué qu’elle paierait 25 000$ pour aider à réparer les dommages.

«Ce n’est pas suffisant. Uniquement le sous-sol… avec le billard, les quatre sofas. Nous allons avoir besoin de 75 000$», a-t-elle affirmé.

Mme Davies a dit souhaiter demeurer dans sa maison le plus longtemps possible même si elle est coupée de toutes les routes.

«J’ai suffisamment de nourriture pour durer quatre jours, mais je n’ai plus d’oeufs ou de pain», a-t-elle ajouté.

Attila Gabrial
Attila Gabrial, portant un revêtement imperméable vert forêt et un manteau rouge et bleu, tentait de pomper l’eau inondant son sous-sol.

L’immigrant hongrois réside à Rigaud depuis trois ans, et a dit espérer y demeurer après la baisse des eaux même si cela nécessitera des coûts importants.

M. Gabrial s’est estimé lundi «très chanceux» étant donné que l’eau est circonscrite à son sous-sol, mais il a reconnu que ses fondations étaient «brisées».

Et il n’a pas de contrat d’assurance.

«Je sais que de nouvelles fondations coûtent généralement environ 20 000$. Mais vous devez soulever la maison pour régler la situation», a-t-il souligné.

M. Gabrial a montré du doigt sa maison, entourée d’eau et de sacs de sable.

«La mienne est faite de pierres. C’est très, très lourd. Je crois que cela coûtera 80 000$ pour la soulever. Après le passage des eaux, je vais demander de l’argent au gouvernement du Québec», a-t-il indiqué.

Pierre Longtin
Une boisson froide dans une main et le volant de son ponton dans l’autre, Pierre Longtin parcourt la rivière des Outaouais en transportant des résidants de la municipalité inondée de Rigaud.

M. Longtin a agi en quelque sorte comme un taxi bénévole depuis la fin avril.

«Qu’est-ce que je peux faire d’autre? Ma maison est inondée», a-t-il lancé, lundi.

M. Longtin a dit prendre à bord environ 50 personnes par jour, dans des allers et retours des rues inondées jusqu’à la terre sèche, permettant à des amis et à des voisins de surveiller l’état de leur maison.

«Je vis ici et j’ai un bateau, et je connais les gens, alors j’aide comme je peux», a-t-il souligné.

À l’arrière du ponton se trouve un bidon d’essence rouge. Il a indiqué qu’il en fournissait parfois aux gens qui en ont besoin pour faire fonctionner certains équipements.

«Les gens voient que nous avons des coûts reliés à l’essence, alors ils donnent un peu d’argent afin que nous puissions continuer», a mentionné M. Longtin.

Les rues de Rigaud le long de la rivière sont si durement touchées par les inondations que M. Longtin a été en mesure de les parcourir avec son bateau.

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