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Québec veut donner un coup de barre en innovation

Photo: THE CANADIAN PRESS
Julien Arsenault, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le Québec a un «sérieux coup de barre» à donner en matière de commercialisation de ses innovations, reconnaît le gouvernement Couillard, qui espère pouvoir combler ce retard à moyen terme.

Bien que cet aspect fasse partie des trois principaux objectifs de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI) dévoilée vendredi, il ne récolte toutefois pas la part du lion des 585 millions $ supplémentaires qui seront investis au cours des cinq prochaines années.

D’ici 2022, l’État québécois allongera 132 millions $ pour le développement des compétences et de la relève, 267 millions $ dans la recherche et 185 millions $ pour la commercialisation des innovations — soit une moyenne de 37 millions $ par année.

«Il y a rarement qu’une seule solution, a insisté le premier ministre Philippe Couillard en conférence de presse. Il faut insister sur la commercialisation, mais aussi faire des efforts pour la relève.»

Cette politique a un horizon jusqu’en 2030, mais la première phase s’échelonne sur les cinq prochaines années.

La principale conclusion des consultations menées depuis l’automne est que le principal défi pour les entreprises est d’être capable de passer au stade de la commercialisation au terme des premières étapes de la recherche.

Québec avait choisi l’École de technologie supérieure de Montréal pour dévoiler sa stratégie comptant une trentaine de mesures en réunissant une brochette de ministres, des représentants d’établissements d’enseignement ainsi que du milieu des affaires.

Pour le moment, il semble difficile d’allouer davantage d’argent aux efforts de commercialisation des découvertes, étant donné que le bassin d’entreprises et d’individus prêt pour cette étape n’est pas suffisamment large.

«Lorsque l’on constate notre capacité à prendre un produit et à l’amener sur le marché, nous ne sommes pas au niveau des autres juridictions, a dit la ministre de l’Économie, Dominique Anglade. On peut le voir aussi en ce qui a trait aux brevets.»

D’après les données les plus récentes de l’Institut de la statistique du Québec, on comptait en 2013 1087 inventions brevetées et 655 brevets d’intention octroyés, loin derrière l’Ontario, avec 3476 inventions brevetées et 2242 brevets d’intention octroyés.

Avec les mesures annoncées, il faudra probablement attendre deux ou trois ans avant de commencer à observer une amélioration à ce chapitre, d’après Québec.

D’ici 2022, le gouvernement Couillard ambitionne que la province se classe dans le top 10 de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en ce qui a trait à la recherche et l’innovation.

«Pour beaucoup de mesures de performances, nous sommes en 12e ou 14e position, a affirmé Mme Anglade. Il faut se fixer un objectif collectif.»

Par ailleurs, pour tenter de simplifier la vie aux entreprises et établissements qui tentent d’obtenir un coup de pouce financier, le gouvernement Couillard mettra en place le programme Innovation à compter de l’exercice 2018-2019, qui découlera de la fusion de sept programmes actuellement en vigueur.

Dans l’ensemble, la SQRI a reçu un accueil favorable de la part du milieu de l’enseignement ainsi que des regroupements d’affaires, notamment en ce qui a trait aux efforts entourant la commercialisation des innovations.

Vincent Sabourin, directeur de l’Observatoire des stratégies de commercialisation et de l’innovation à l’École des sciences de la gestion, a estimé qu’il ne fallait pas nécessairement mettre l’accent sur les sommes octroyées, mais les orientations de la politique.

«Le Québec a eu beaucoup de succès dans l’aéronautique, a-t-il dit au cours d’un entretien. C’est la même approche que l’on tente de reproduire ici. Les joueurs ne pourront plus travailler en silo.»

Pour M. Sabourin, le temps presse si le Québec veut éviter de devenir une «succursale américaine» en matière d’innovation. À son avis, la province a 48 mois devant elle pour combler les écarts, notamment avec les États-Unis.

«Autrement, on va se retrouver avec des solutions et des produits fabriqués ailleurs que chez nous», croit-il.

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