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AI demande à Trudeau d'intervenir pour Badawi

Ensaf Haidar. Photo: Ryan Remiorz / La Presse Canadienne

MONTRÉAL — À l’approche du cinquième anniversaire de l’emprisonnement de Raif Badawi, Amnistie internationale lance un appel pressant au premier ministre Justin Trudeau pour qu’il réclame publiquement la libération du blogueur saoudien.

L’organisme lui demande également de recruter d’autres chefs d’État pour en faire autant et «d’exiger le respect par l’Arabie saoudite de ses obligations internationales comme signataire des conventions relatives aux droits (de la personne).»

De plus, Amnistie internationale a publié sur son site internet une vidéo des trois enfants de Raif Badawi qui demandent au premier ministre d’appeler le roi d’Arabie saoudite.

La députée néo-démocrate Hélène Laverdière a soutenu que le premier ministre Trudeau n’a, en près de cinq ans, pas fait preuve d’autant de fermeté dans son discours que certains représentants «de d’autres pays et de l’Union européenne».

«Nous, on a un rôle particulier à jouer, le Canada, comme sa femme et ses trois enfants vivent ici à Sherbrooke (…) Je comprends mal la timidité du premier ministre et son refus d’intervenir», a-t-elle dit.

L’épouse de M. Badawi, Ensaf Haidar, est réfugiée à Sherbrooke avec ses trois enfants.

Raif Badawi a été emprisonné le 17 juin 2012 pour avoir notamment demandé, sur son blogue, une plus grande tolérance envers les non-musulmans et une plus grande ouverture d’esprit.

Il avait été condamné à 10 ans de prison, 1000 coups de fouet et 290 000 $ d’amende.

Mme Laverdière estime que le fait que M. Badawi n’ait pas la citoyenneté canadienne ne peut servir d’excuse au premier ministre, puisque le dossier doit être traité comme un de violation des droits de la personne.

«On dirait que le premier ministre aime beaucoup parler de droits de la personne quand c’est facile. Or quand c’est difficile d’appeler les autorités en Arabie Saoudite, d’avoir une dure discussion (ou) d’être un peu plus ferme par rapport à ce que l’administration Trump fait, par exemple, là, tout à coup (…) il est tout en douceur et il a peur de choquer des gens.»

Le secrétaire parlementaire de la ministre des Affaires étrangères, Omar Alghabra, n’a pas voulu préciser avec exactitude à quelle date remontait sa dernière discussion sur le cas de M. Badawi avec le gouvernement saoudien, invoquant un souci de confidentialité.

Dans ses réponses envoyées par courriel à la Tribune de la presse parlementaire canadienne, il affirme néanmoins avoir abordé la question il y a environ un mois.

«Nous ferons ce que nous pensons qui a du sens pour le cas de M. Badawi», a-t-il assuré, ajoutant toutefois que le gouvernement devait jouer de prudence pour que «toute action que nous entreprenions produise le bon résultat et ne soit pas contreproductive».

«Alors nous évaluons toutes les options et peu importe les options que nous prenons, nous voulons donner aux Saoudiens les occasions de travailler en vertu de leur système de justice pour (faire preuve de) clémence à l’égard de M. Badawi.»

Le secrétaire parlementaire en matière de santé et député de Louis-Hébert, à Québec, Joël Lightbound, a de son côté affirmé que la libération de M. Badawi «reste un des objectifs du gouvernement puis c’est quelque chose sur laquelle il y a du travail qui se fait en ce moment du côté des officiers puis du côté des plus hauts échelons».

M. Badawi a été flagellé de 50 coups de fouet sur la place publique le 9 janvier 2015 et sa santé en a grandement souffert, de sorte que le reste de cette sentence a été suspendu jusqu’à nouvel ordre, tout en étant soumise à une réévaluation.

Il semble difficile pour l’heure de connaître l’état de santé actuel du blogueur, puisque le gouvernement de Justin Trudeau ne peut pas lui rendre visite en personne, M. Alghabra rappelant que M. Badawi n’est pas citoyen canadien.

Une vigile en appui au blogueur et à sa famille est aussi prévue le 16 juin, à Montréal.

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