Une population autochtone en constante croissance
OTTAWA — Le recensement de 2016 confirme ce que les autres avant lui avaient laissé présager: la population autochtone est en croissance constante au Canada. Et selon les plus récentes projections démographiques, elle continuera de progresser «rapidement».
L’enquête de Statistique Canada chiffre à quelque 1,67 million le nombre d’autochtones au pays, ce qui représente 4,9 pour cent de la population totale comparativement à 3,8 pour cent en 2006.
Au cours de la dernière décennie, la population autochtone a donc augmenté de 42,5 pour cent — quatre fois le taux de croissance de la population non autochtone pour la même période.
Et l’agence fédérale projette que le nombre d’autochtones continuera à augmenter «rapidement» et dépassera le cap des 2,5 millions de personnes dans les 20 prochaines années.
La croissance démographique confirmée dans ce recensement s’explique par des facteurs «naturels» (taux de fécondité élevé, hausse de l’espérance de vie), mais aussi parce que les autochtones sont plus nombreux à s’identifier ainsi dans les formulaires d’année en année.
«On sait que ça joue dans les chiffres, l’autodéclaration. D’un recensement à l’autre, on voit toujours une augmentation plus marquée», a noté Marc Lachance, directeur de la division des statistiques autochtones chez Statistique Canada.
La population autochtone est jeune, mais elle est aussi vieillissante.
D’un côté, l’âge moyen de la population autochtone se situait à 32,1 ans en 2016, soit près de dix ans de moins que celui de la population non autochtone (40,9 ans).
De l’autre, les personnes âgées de 65 ans et plus comptaient pour 7,3 pour cent de la population autochtone en 2016 comparativement à 4,8 pour cent en 2006.
Et cette proportion pourrait «plus que doubler» d’ici 2036, a calculé Statistique Canada.
Le ministre responsable du dossier des aînés, Jean-Yves Duclos, a d’ores et déjà été prévenu par ses fonctionnaires de la pression que ce changement de paradigme démographique pourrait exercer sur le système.
En prévision d’une rencontre avec la ministre de la Santé de l’époque, Jane Philpott, en octobre 2016, on lui a souligné que l’approche devait être adaptée aux besoins spécifiques des aînés autochtones.
Ceux-ci sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté ou d’avoir des problèmes de santé, en plus de devoir parfois composer avec les conséquences des abus qui leur ont été infligés dans les pensionnats autochtones, a-t-on averti le ministre Duclos.
Langues autochtones
Plus de 70 langues autochtones, dont 36 comptent au moins 500 locuteurs, ont été déclarées au recensement de 2016.
Une minorité d’autochtones, soit environ 15,6 pour cent de la population totale, a affirmé parler l’une de ces langues «suffisamment bien pour soutenir une conversation».
Fait à noter, ce pourcentage est plus élevé que celui des personnes ayant déclaré une langue autochtone comme langue maternelle (12,5 pour cent).
Ces données tendent «à suggérer qu’il y a une certaine transmission de la connaissance des langues qui s’est faite dans les familles, les écoles», a analysé Marc Lachance.
Les langues algonquiennes constituaient la famille linguistique autochtone comptant le plus grand nombre de locuteurs au pays en 2016, celles les plus fréquemment déclarées étant le cri (96 575), l’ojibwé (28 130), l’oji-cri (15 585) et le montagnais (innu) (11 360).
Une majorité d’autochtones vit en milieu urbain
Un peu plus de la moitié de la population autochtone du pays (51,8 pour cent) habite une région métropolitaine.
Celles où l’on a dénombré le plus grand nombre d’autochtones sont Winnipeg (92 810), Edmonton (76 205), Vancouver (61 460) et Toronto (46 315).
La région de Montréal au septième rang à l’échelle nationale avec une population autochtone chiffrée à 34 750 personnes.