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Un médicament prometteur pour contrer la SLA

Photo: CHUM

Des chercheurs canadiens ont fait une percée dans la recherche d’un médicament pouvant réduire les symptômes de la sclérose latérale amyotrophique (SLA).

Les résultats d’un premier essai clinique avec un médicament appelé pimozide, qui ont été publiés jeudi dans JCI Insight, s’avèrent encourageants.

«C’est une première étape, mais je pense qu’elle est importante parce qu’il y a peu de médicaments pour la SLA, affirme le chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) et professeur au Département de neurosciences de l’Université de Montréal, Pierre Drapeau. C’est une maladie mortelle et présentement, il n’y a que deux médicaments sur le marché. Ils prolongent l’espérance de vie de quelques mois, mais il n’y a pas vraiment d’impact sur la qualité de vie.»

Le pimozide est un médicament générique peu coûteux déjà utilisé pour traiter la schizophrénie. C’est en testant celui-ci sur des poissons-zèbres et des vers que M. Drapeau et son collègue Alex Parker se sont rendu compte que ce médicament pourrait traiter la SLA, une maladie neurodégénérative, qui entraîne la paralysie.

«Le pimozide stabilise les connexions entre les nerfs et les muscles, explique M. Drapeau. On a testé le médicament dans un clinique à Calgary sur 25 patients pendant une période de six semaines. Malgré la courte période de traitement et le faible nombre de patients, on a noté que ceux-ci n’avaient pas eu de déclin de motricité, comparativement aux patients témoins.»

Ce premier essai étant prometteur, un second plus vaste vient de commencer. Il est financé grâce à l’argent amassé par le défi du seau de glace (Ice Bucket Challenge).

«Neuf cliniques canadiennes y participent, dont celle du CHUM. Une centaine de patients seront traités pendant six mois. On pourra voir si les indices positifs sont maintenus à long terme, si on ralentit le déclin ou si on le freine», souligne M. Drapeau.

Les patients qui prendront part à l’essai ne le sauront pas, pour ne pas biaiser les résultats.

«La maladie est connue depuis 100 ans. Il y a 20 ans, on a trouvé le premier gène relié à la maladie et depuis, on a trouvé la plupart des gènes. On passe maintenant de comprendre la maladie à trouver des solutions thérapeutiques. C’est une nouvelle phase qui s’annonce.» –Pierre Drapeau, chercheur au Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) et professeur au Département de neurosciences de l’Université de Montréal.

Bien qu’il y a de l’espoir, «le médicament n’est pas encore prêt», rappelle le chercheur. Il faudra attendre au moins deux ans avant que celui-ci devienne disponible pour les patients atteints de la SLA. «En attente du résultat, on essaye de trouver un médicament qui aurait moins d’effets secondaires. Ça peut-être des tremblements, des sensations de malaise ou pire, illustre-t-il. On regarde donc la même molécule, mais sous différentes formes.» Une combinaison de médicaments, dont le pimozide, pourrait aussi offrir un meilleur traitement.

Pourquoi les poissons?
M. Drapeau souligne qu’il s’agit d’un «premier médicament pour effets neurologique découvert à partir de modèles animaux». Mais pourquoi la recherche s’est-elle fait sur des poissons et des vers? «Il est très facile d’ajouter des médicaments dans l’eau et on a pu tester rapidement des centaines de molécules à la fois. On peut filmer les embryons de vers ou de poissons, ce qu’on ne peut pas faire avec une souris, décrit le chercheur. Chez les poissons, les neurones qui projettent de moelle vers les muscles se rapprochent de celles de l’homme. Même les muscles sont plus près de ceux de l’homme que ceux de la souris, par exemple.»

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