Québec allonge 44M$ pour la modernisation de l’industrie du taxi

MONTRÉAL — Québec ne compensera pas tout de suite les chauffeurs de taxi à cause de la perte de valeur de leurs permis, mais il crée un groupe de travail pour établir le montant de cette future compensation.
Le ministre des Transports, André Fortin, en a fait l’annonce, vendredi à Montréal, devant plusieurs chauffeurs de taxi réunis.
Les chauffeurs de taxi ont souvent payé leur permis 200 000 $, il y a quelques années, et se retrouvent aujourd’hui avec un permis qui peut valoir 75 000 $, parfois moins. Ils attribuent cela à une concurrence accrue, particulièrement celle d’Uber.
«La question de la compensation financière sera au coeur des pourparlers et des recommandations finales du groupe de travail. Notre objectif, votre objectif, sera de déposer un rapport à la fin février, donc avant le dépôt du prochain budget du gouvernement», a dit le ministre Fortin aux chauffeurs de taxi.
Interrogé à savoir pourquoi il ne les compensait pas immédiatement, le ministre des Transports a répondu qu’il voulait s’assurer de bien soupeser tous les aspects.
«Tout le monde reconnaît qu’il y a une perte de valeur des permis. Maintenant, il faut s’assurer que dans toute forme de compensation, on tient bien en compte ce qui se passe ici à Montréal, ce qui se passe à Québec, à Gatineau. (…) On va le faire avec l’industrie et on se donne un laps de temps très serré afin d’en arriver à une proposition concrète. Mais c’est utile de le faire avec l’ensemble des joueurs autour de la table», a-t-il justifié.
Modernisation
Il a annoncé, du même souffle, un programme de modernisation de l’industrie du taxi de 44 millions $ sur cinq ans.
Le programme de modernisation sera d’ailleurs alimenté par les redevances payées par Uber. Sa mise en oeuvre doit commencer dès le début de 2018.
Le programme doit permettre aux taxis d’utiliser les applications technologiques récentes, d’avoir accès à des véhicules électriques et aux infrastructures de recharge, par exemple, d’accroître l’accessibilité pour les personnes handicapées et de présenter une image de marque.
Réactions
Sur place, Me Marc-Antoine Cloutier, négociateur en chef pour l’industrie du taxi, s’est réjoui des fonds octroyés pour moderniser l’industrie, qu’il voit comme «une bonne première étape».
Mais il compte bien veiller à ce que ces fonds soient adéquatement distribués. «Ce qui nous inquiète, c’est à quels joueurs ça va aller, à qui ça va profiter, à quel nombre de compagnies cet argent-là va pouvoir être distribué et est-ce que ça va aider les chauffeurs, les propriétaires, et comment on va le faire», a-t-il résumé.
Sur la question de la compensation financière à venir pour la perte de valeur des permis, il admet que la question est plus complexe qu’il n’y paraît à prime abord.
«Ils le savent depuis longtemps que les permis ont perdu de la valeur. Mais là, la question qu’on se pose, c’est qu’on ne veut pas se cantonner simplement sur la question de la valeur des permis. Le principal élément qui a un impact sur la valeur des permis, c’est ce qu’on fait pour le futur. Est-ce qu’Uber reste ou pas? Qu’est-ce qu’on fait avec les permis?» a résumé Me Cloutier.