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Les négociations de l'ALÉNA se poursuivront

Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes
Alexander Panetta et Mike Blanchfield, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’ALÉNA est toujours en vie: le représentant américain au Commerce, Robert Lighthizer, a estimé lundi que les progrès réalisés jusqu’ici étaient suffisants pour continuer les négociations, à la fin de février au Mexique.

C’est avec un sourire et tout en politesse que le Canada et les États-Unis se sont échangé des remontrances à l’issue de cette sixième ronde de renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), menée depuis une semaine à Montréal. Les trois pays signataires de l’ALÉNA se sont entendus pour clore un chapitre, celui sur la corruption. Dans le dossier du lait et des normes du travail, par ailleurs, on a enregistré bien peu de progrès.

M. Lighthizer, qui s’était déplacé dans la métropole pour l’occasion, lundi, a reproché au Canada d’avoir inséré «une pilule empoisonnée» dans sa proposition sur les règles d’origine dans le secteur de l’automobile. Il s’en est pris par la suite à «l’attaque massive» du Canada contre les États-Unis dans le dossier du bois d’oeuvre, et sur le comportement américain en général en matière de commerce international.

Rétorquant à son homologue américain, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a emprunté le même ton. Elle a parlé des «propositions non conventionnelles» des Américains en ce qui a trait aux règles d’origine. Pour ce qui est du bois d’oeuvre, la ministre a rappelé que le Canada considère que ce conflit commercial n’a rien à voir avec l’ALÉNA.

Mais la ministre s’est faite rassurante pour la suite des choses. «Nous avons fait du progrès dans cette ronde de négociations. Il reste d’assez grandes différences entre les trois pays, mais dans cette ronde, nous avons commencé une vraie discussion sur ces enjeux.»

Mme Freeland, M. Lighthizer et leur homologue mexicain Ildefonso Guajardo ont quand même tous trois assuré qu’ils espéraient des progrès lors de la prochaine ronde, en février. M. Lighthizer, lui, a tout de même déploré que les progrès soient si lents. Il s’agissait de la première apparition des trois ministres depuis leur rencontre plutôt tendue de l’automne dernier, et le climat semblait plus serein.

«Nous avons fait du progrès dans cette ronde de négociations, a convenu la ministre Freeland. Il reste d’assez grandes différences entre les trois pays mais dans cette ronde, nous avons commencé une vraie discussion sur ces enjeux.»

La ministre québécoise de l’Économie, Dominique Anglade, a estimé que la mobilisation des derniers mois, au Canada mais aussi aux États-Unis, «a fini par payer».

«Beaucoup de personnes au Québec se sont déplacées aux États-Unis — des ministres, des leaders syndicaux et patronaux —, la même chose en Ontario, au Canada. Je pense que cette mobilisation commence à payer.»

Contenu américain dans l’auto

M. Lighthizer a néanmoins critiqué sévèrement la proposition du Canada dans le dossier de l’automobile, estimant que cette mesure produirait des résultats contraires à ce qui est escompté.

Le Canada a proposé de modifier la méthode de calcul des règles d’origine dans le secteur automobile, en prenant en compte par exemple l’apport de la recherche et de la haute technologie. Ottawa estime que cette nouvelle méthode de calcul serait à l’avantage des Américains, mais M. Lighthizer croit le contraire.

À huit semaines de la fin annoncée des négociations, tous les yeux étaient tournés lundi vers M. Lighthizer, qui aurait bien pu annoncer que le président Donald Trump avait décidé de se retirer de l’ALÉNA, comme il le fait périodiquement. Le représentant américain a commencé son allocution en se remémorant des vacances passées à Montréal avec sa famille, esquissant un «Je me souviens» en français. Mais il est ensuite passé aux choses sérieuses en énumérant les éléments qui irritent toujours Washington, avant la prochaine ronde de négociations au Mexique.

Les décisions importantes ont maintenant été confiées à l’administration Trump. Les négociateurs ont passé le relais à la Maison-Blanche, dimanche, dans les dossiers litigieux de l’automobile, du règlement des différends et de la clause crépusculaire. Selon certaines sources proches des négociations, la proposition canadienne sur l’auto a fait l’objet de trois heures de discussions en deux jours, à Montréal.

Au chapitre du mécanisme de règlement des différends, les négociateurs canadiens et mexicains ont proposé de créer leur propre système bilatéral pour régler les litiges entre entreprises et États, mais Washington veut surtout pouvoir s’exclure de tout mécanisme contraignant.

Les États-Unis tiendraient par ailleurs à la clause crépusculaire, qui mettrait fin à l’ALÉNA après cinq ans à moins que les trois pays signataires ne s’entendent pour le prolonger. Le Mexique a plutôt proposé un mécanisme de révision plus souple, sans échéancier quinquennal précis.

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