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Les PM Couillard et Wynne sont à Washington

Alex Panetta / La Presse Canadienne Photo: Alex Panetta
Alexander Panetta, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

WASHINGTON — Les premiers ministres du Québec et de l’Ontario étaient venus à Washington vendredi pour vanter les mérites du libre-échange: prix plus bas et grande variété de produits pour les consommateurs, création d’emplois, chaînes d’approvisionnement qui créent des liens géopolitiques entre les partenaires.

Mais Philippe Couillard et Kathleen Wynne ont dû aussi reconnaître que leur province n’était pas totalement exempte de protectionnisme, dans certains secteurs du moins, et que ces mesures ne s’évanouiraient pas nécessairement à la signature d’un nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Ainsi, le gouverneur du Colorado a souhaité à voix haute, vendredi, une libéralisation du commerce dans le secteur laitier, protégé au Canada par le système de gestion de l’offre. John Hickenlooper rappelait ainsi à ses «homologues» que chacun avait ses petits irritants et ses exigences particulières.

Le secteur de la volaille jouit lui aussi d’une certaine protection au Canada. Et M. Couillard a dû reconnaître que le Québec doit protéger sa spécificité francophone par des mesures d’exception culturelle.

Le premier ministre a soutenu qu’il était normal de maintenir certaines mesures protectionnistes dans un accord commercial. «Soyons francs: un accord de libre-échange, ça n’existe pas», a-t-il lancé dans le cadre d’un panel de l’Association du commerce international de Washington. «Ce qui existe, par contre, ce sont des accords commerciaux qui prévoient des exceptions et des spécificités — que les pays doivent maintenir afin de faire progresser leurs politiques et leurs priorités.

«Alors, modernisons (l’ALÉNA) en gardant à l’esprit les intérêts des partenaires. Il faut être capable de se mettre dans la peau de l’autre, de comprendre pourquoi tel ou tel secteur est si important (…) Mais il faut avant tout maintenir les marchés ouverts.»

En matière de contrats publics, toutefois, M. Couillard a admis qu’il songeait à accélérer la modernisation des voitures du métro de Montréal afin d’empêcher des mises à pied chez Bombardier Transports à La Pocatière.

En vertu des règles de l’Organisation mondiale du commerce, les États et les provinces peuvent permettre à des organismes publics d’éviter le recours aux appels d’offres. Or, le Canada, contrairement aux États-Unis, souhaite justement profiter de la renégociation de l’ALÉNA pour étendre le libre-échange aux contrats publics.

À quelques kilomètres de là, le président Donald Trump répétait à un auditoire conservateur que l’ALÉNA avait toujours été, et demeurait encore aujourd’hui, un mauvais accord, qui a «vidé les usines américaines», mais que personne n’a jamais pris la peine de modifier.

Des alliés dans les capitales

Philippe Couillard et Kathleen Wynne étaient à Washington pour rencontrer les gouverneurs de plusieurs États américains, au cours de cette visite groupée. Les premiers ministres des deux plus importantes provinces canadiennes profitaient de la présence dans la capitale des gouverneurs des États américains pour leur rencontre hivernale annuelle.

Ces élus américains ont souvent été de solides alliés de ceux qui veulent sauver l’ALÉNA: ils ont écrit des lettres, ont soumis leurs inquiétudes au vice-président Mike Pence et ont tenté d’infléchir le président Donald Trump. Plusieurs gouverneurs doivent par ailleurs affronter l’électorat cette année lors des élections de mi-mandat, en novembre.

«L’idée de notre présence répétée dans un auditoire comme celui-ci, c’est que la pression politique se bâtisse jusqu’à la Maison-Blanche, pour faire bien sentir aux Américains eux-mêmes l’importance, vitale même (du libre-échange) pour leur économie», a expliqué M. Couillard aux journalistes.

Le premier ministre soutient que lui et son homologue ontarienne ont déjà rencontré des dizaines de gouverneurs américains depuis l’an dernier. Et il dit n’avoir jamais rencontré un seul gouverneur, ou un seul maire d’une grande ville, qui ne soit un partisan de l’ALÉNA.

M. Couillard devait s’entretenir, vendredi, avec les gouverneurs de la Virginie et du Maryland, et le lendemain avec ceux du Kentucky, du Massachusetts et de l’Oregon.

Dans son allocution au panel de vendredi matin, Mme Wynne a soutenu que ce débat constitue en quelque sorte un test de leadership pour la classe politique. «Il nous incombe de chasser l’incertitude, dans un climat (économique) très incertain», a-t-elle estimé. «Et l’ALÉNA est pas mal en haut de cette liste.»

Le gouverneur démocrate du Colorado a fait remarquer que le panel de vendredi matin se tenait dans l’édifice Ronald-Reagan, ce président républicain qui avait amorcé les négociations ayant mené à l’ALÉNA. «Nous constatons tous que le commerce a permis à des millions et des millions de gens d’échapper à la pauvreté», a estimé John Hickenlooper.

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