Quel avenir pour le Bloc québécois en 2019?
OTTAWA — Le départ de sept députés bloquistes mercredi risque de changer la donne au Québec pour l’élection fédérale de 2019.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) rappelait mercredi qu’il n’accepte pas les transfuges tandis que le député conservateur Maxime Bernier s’est empressé d’ouvrir la porte aux ex-bloquistes qui voudraient se joindre à son parti.
«S’ils croient au Canada, à un Québec fort dans un Canada uni, ils sont les bienvenus», a-t-il affirmé lors d’une mêlée de presse en ajoutant que l’on assistait à la «phase finale» du Bloc québécois.
«J’invite tous les bloquistes qui sont déçus de la situation, on va les accueillir (…) à bras ouverts», a renchéri son collègue Alain Rayes, lieutenant du parti pour le Québec.
Leur chef Andrew Scheer y voit un indicateur que le Bloc québécois défend «des débats passés».
«C’est seulement le Parti conservateur qui (peut) faire face au Parti libéral qui est un parti centralisateur, a-t-il dit. Et c’est le Parti conservateur qui a reconnu le Québec comme une nation.»
Vote bloquiste vers le NPD?
«On a un adversaire politique qui est extrêmement fragilisé aujourd’hui, on verra dans six mois, dans un an, quelle sera la situation», a constaté le lieutenant québécois du NPD, Alexandre Boulerice.
«Nous ce qu’on sait, c’est qu’on dit aux gens: vous pouvez nous faire confiance au NPD pour représenter les Québécois, les intérêts du Québec, on est tout à fait capable de faire le travail», a-t-il ajouté en rappelant que bon nombre d’électeurs bloquistes avaient choisi de faire confiance au NPD lors de la vague orange de 2011, puis ensuite en 2015.
Il a joint le geste à la parole lors de la période des questions en dénonçant «les miettes» pour le Québec dans le dernier budget fédéral.
Le NPD courtisait déjà les électeurs québécois environ une semaine avant qu’une nouvelle crise n’éclate au Bloc québécois. Ses militants ont adopté deux propositions spécifiquement pour la province lors de leur dernier congrès, soit l’une sur la réouverture la Constitution canadienne et l’autre pour une déclaration d’impôt unique gérée par le Québec.
Questionné sur le recrutement de transfuges bloquistes au NPD, le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a rappelé qu’en vertu de la politique de son parti, ceux-ci devraient d’abord démissionner et se présenter sous la bannière néo-démocrate lors d’une élection.
C’est ce qu’avait fait l’ex-députée bloquiste Maria Mourani en 2014, qui avait d’abord siégé comme indépendante avant de se présenter pour les néo-démocrates dans la circonscription d’Ahunstic-Cartierville lors de l’élection de 2015. Elle avait perdu contre la libérale Mélanie Joly.
Renouveau fédéraliste?
Dans les rangs libéraux, la déroute du Bloc québécois a rappelé leur propre traversée du désert.
«Les partis politiques ont un rôle important à jouer et de voir un parti se détériorer comme ça, c’est toujours une réflexion sur comment on peut mieux, nous en tant que parti, servir les Canadiens», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau en se gardant d’annoncer la mort du Bloc québécois.
«De voir un parti déchiré comme ça, il y a quelque chose de triste parce qu’il y a des milliers de personnes qui ont cru, qui croient en eux, et on verra ce qui se passe de leur côté», a constaté pour sa part le député Pablo Rodriguez.
Le Québec compte 77 députés à la Chambre des communes dont 40 libéraux, 16 néo-démocrates et 11 conservateurs. Le Bloc québécois en compte aujourd’hui trois, les sept députés dissidents formant désormais le Groupe parlementaire québécois.