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Maintenant 2 % de femmes dans la construction

Photo: Getty Images/iStockphoto
Lia Lévesque, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — L’industrie de la construction au Québec comptait, en 2017, 505 travailleuses de plus qu’en 2016 — un progrès, certes, mais la Commission de la construction veut plus.

Au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne, sollicitée dans le cadre du 8 mars, Journée internationale des femmes, la présidente-directrice générale de la Commission de la construction, Diane Lemieux, a fait le point sur l’objectif que s’est donné l’industrie d’atteindre «au moins 3 pour cent» de femmes d’ici la fin de l’année 2018. On en est donc à la deuxième année d’un plan de trois ans.

Selon les données les plus récentes, à la fin de l’année 2017, l’industrie comptait 1,91 pour cent de femmes. Ce sont donc environ 3000 travailleuses actives dans les chantiers de construction du Québec.

Malgré tout, Mme Lemieux se dit relativement satisfaite. «On est parti de 1,2 ou 1,3 pour cent», fait-elle valoir.

Pas juste des chiffres

«Si c’était juste la statistique, je ne suis pas sûre que je pourrais être relativement positive. Mais le fait que je vois d’autres changements… On n’a peut-être pas encore la cible de 3 pour cent — d’abord, on a encore un peu de temps devant nous — mais, pour moi, le fait qu’il y ait d’autres ingrédients, d’autres facteurs qui ont bougé, c’est ça qui me fait dire que je suis positive. Si on avait eu presque 2 pour cent, au pic et à la pelle, sans adhésion (de toute l’industrie), je serais découragée. Mais j’ai vu l’adhésion grandir, se solidifier, j’ai vu des gestes concrets», plaide Mme Lemieux.

Elle justifie son optimisme d’abord par le fait qu’il y avait, en 2017, 387 entreprises de plus qu’en 2016 qui ont embauché des femmes.

«Ça, pour moi, c’est majeur», opine Mme Lemieux. Avant, le nombre d’entreprises qui embauchaient des femmes stagnait. «On sentait qu’il y avait un noeud.»

Mais en 2017, «on assiste à un bond», fait-elle valoir. «Actuellement, on a 2400 entreprises qui ont engagé au moins une femme en 2017, dont 387 nouvelles entreprises. On est pas loin de 10 pour cent des entreprises qui embauchent des femmes.»

Le niveau d’adhésion à cet objectif d’au moins 3 pour cent de femmes grandit sans cesse dans toute l’industrie, assure-t-elle.

Des initiatives

Elle cite des exemples: une grande association patronale, l’Association de la construction du Québec, organise annuellement une journée sur la question des femmes. «Ils ne faisaient pas ça avant. Ils labourent le terrain, donc on finit par avoir une récolte.»

Elle rapporte aussi que l’ACQ et la Corporation des maîtres électriciens lanceront bientôt une certification d’entreprises qui embauchent des femmes, «une espèce de mention positive avec un processus».

Autre motif pour se réjouir: la CCQ a mis en place des mesures réglementaires, à la fin de 2016, pour faciliter l’accès des femmes aux chantiers. Et celles-ci ont commencé à porter fruit en 2017.

Par exemple, «on permet une plus grande mobilité dans l’industrie, pour que les femmes puissent travailler à l’extérieur de leur région. On a aussi une mesure qui permet à des employeurs d’embaucher des femmes et ça leur permet d’avoir plus d’apprentis sur les chantiers», rapporte Mme Lemieux.

Défi: les garder

Mais un défi demeure: après avoir attiré les femmes dans l’industrie, il faut les y retenir. Car plusieurs finissent par quitter le marché du travail ou même le centre de formation professionnelle.

Après avoir mené un sondage, la CCQ a compris que les départs de femmes étaient principalement dus au climat de travail — harcèlement, blagues déplacées, hostilité et autres.

La CCQ a d’ailleurs fait faire une vidéo sur la mixité dans l’industrie avec de jeunes enfants, puisque l’éducation à l’égalité doit commencer tôt.

La CCQ a aussi mis en place la Ligne relais-construction pour entendre des plaintes d’inconduite, de harcèlement, d’intimidation à caractère sexuel dans l’industrie. «On s’est donné un programme de formation accéléré sur la question du harcèlement. Et l’industrie nous a demandé de participer à ces formations-là», se réjouit-elle, y voyant un autre signe que les mentalités évoluent.

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Pour voir la vidéo de la CCQ sur la mixité, avec des enfants: mixite.ccq.org

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