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Le NPD suspend la députée Christine Moore

NDP Leader Jagmeet Singh speaks about the harassment allegations against Saskatchewan MP Erin Weir outside the House of Commons on Parliament Hill in Ottawa on Thursday, May 3, 2018. THE CANADIAN PRESS/ Patrick Doyle Photo: Patrick Doyle / La Presse canadienne
Mylène Crête, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — La députée Christine Moore a été suspendue mardi de ses fonctions au sein du caucus du Nouveau Parti démocratique (NPD) en raison d’allégations d’inconduite sexuelle le temps qu’une enquête soit effectuée.

C’est cette même élue qui avait accusé son collègue Erin Weir d’avoir harcelé plusieurs femmes dans un courriel envoyé à l’ensemble du caucus du NPD en février. Celui-ci a été exclu par le chef Jagmeet Singh vendredi dernier après avoir fait l’objet d’une enquête indépendante.

Un ex-militaire allègue que Mme Moore aurait eu un comportement inapproprié à son endroit en 2013 alors qu’il était vulnérable et qu’elle était en position d’autorité.

Glen Kirkland avait à l’époque livré un témoignage émotif en comité parlementaire sur le traitement réservé aux militaires blessés en Afghanistan. Il avait subi d’importantes blessures qui avaient laissé des séquelles.

Joint par La Presse canadienne, il a confirmé que la députée québécoise l’avait invité à son bureau après son témoignage en lui disant qu’elle était une infirmière certifiée, l’avait incité à boire du gin en dépit des médicaments qu’il prenait et l’avait suivi jusque dans sa chambre d’hôtel. Plus tard, elle se serait rendue chez lui à Brandon au Manitoba pour lui rendre visite contre son gré.

«Elle m’a invité à son bureau, a-t-il raconté en entrevue. J’étais un caporal dans l’armée et une députée me demande de faire quelque chose. Je n’ai pas réfléchi. C’était comme ça.

«Elle a commencé à me verser un verre et je lui ai dit que je prenais des médicaments, a-t-il continué. Je lui ai dit lesquels. Elle a dit que c’était correct. J’ai pensé: d’accord, tu es une infirmière et pratiquement ma patronne, alors qu’est-ce que je peux dire?»

«Je ne crie pas au viol, mais ce que je peux dire c’est que si j’étais une femme et qu’il s’agissait d’un député de sexe masculin, qu’est-ce que vous pensez qui arriverait?» a-t-il dit en précisant qu’il n’avait pas l’intention de lancer des allégations à tout vent, mais qu’il avait plutôt été contacté récemment par un journaliste de CBC lui demandant de confirmer des informations.

Des allégations suffisamment graves pour que M. Singh décide de lancer une enquête, le deuxième exercice du genre en trois mois.

«Je prends ces allégations très au sérieux et je nommerai un enquêteur indépendant pour mener une enquête équitable et exhaustive», a déclaré le chef néo-démocrate par courriel.

Mme Moore, elle-même une ex-réserviste, n’a pas souhaité accorder d’entrevue mardi. «J’entends participer à l’enquête indépendante et équitable sur ces allégations, a-t-elle indiqué dans une déclaration écrite. Par respect pour l’intégrité et l’équité du processus, je ne ferai pas d’autres commentaires additionnels pour l’instant.»

Plusieurs députés néo-démocrates questionnés mardi après-midi ont appuyé la décision de leur chef.

«Tous les partis sont aux prises avec ce genre d’allégations», a dit Don Davies en faisant référence aux cas survenus dans les rangs libéraux et conservateurs.

«Je pense que dans les circonstances, c’est la chose à faire, a commenté Pierre-Luc Dusseault. Clarifier ce qui s’est passé et prendre une décision avec les faits de façon éclairée.»

«Le chef a pris sa décision et on est avec lui», s’est contenté de dire Alexandre Boulerice.

Il s’agit d’allégations «troublantes», selon Matthew Dubé qui soutient «faire confiance au processus».

«C’est important qu’il n’y ait pas deux poids, deux mesures, c’est exactement pour ça que le même geste a été posé, c’est-à-dire d’avoir une enquête indépendante et suspension des fonctions comme M. Weir», a-t-il ajouté.

M. Singh a expulsé vendredi le député Erin Weir à l’issue d’une enquête sur des allégations de harcèlement et de harcèlement sexuel parce qu’il avait la veille contesté les résultats de cette investigation.

C’est sa collègue Christine Moore qui l’avait accusé d’avoir harcelé plusieurs femmes, dont des employées du parti. Elle avait précisé ne pas en avoir fait l’objet elle-même, mais M. Singh avait jugé que les allégations étaient assez sérieuses pour suspendre le député saskatchewanais le temps de l’enquête. Le chef néo-démocrate avait affirmé qu’il fallait d’abord croire les victimes.

L’ironie de cette situation n’a pas échappé à Glen Kirkland. «Elle a voulu se poser en justicière et je crois qu’elle n’aurait pas dû», a-t-il affirmé en spécifiant qu’il ne connaissait pas Erin Weir.

Christine Moore représente la circonscription d’Abitibi — Témiscamingue à la Chambre des communes depuis la vague orange de 2011. Elle est suspendue de son rôle de porte-parole en matière de ruralité et d’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec et ne pourra plus siéger à des comités parlementaires. Son rôle au sein du caucus du NPD sera réévalué à l’issue de l’enquête.

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