La députée Christine Moore est réintégrée au NPD
MONTRÉAL — Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a annoncé jeudi qu’il réintègre dans ses fonctions et au sein du caucus la députée québécoise Christine Moore, qui était visée par des allégations de harcèlement sexuel.
En conférence de presse à Montréal, M. Singh a indiqué que le rapport d’enquête indépendante conclut que la députée «n’avait pas commis d’inconduite équivalente à du harcèlement ou du harcèlement sexuel ni abusé de sa position d’autorité».
Le caporal à la retraite Glen Kirkland avait accusé Mme Moore d’avoir abusé de son autorité pour avoir une relation sexuelle avec lui.
La députée d’Abitibi-Témiscamingue soutenait plutôt avoir entretenu une courte relation amoureuse de quatre mois avec l’ex-militaire.
Jeudi après-midi, Christine Moore s’est adressée aux médias à Rouyn-Noranda. Elle a confié avoir vécu difficilement les derniers mois et tout en disant comprendre l’importance du processus d’enquête, elle reconnaît qu’elle aurait aimé que les choses se fassent plus rapidement.
La députée affirme que la controverse a eu un impact sur sa santé mentale et physique. Ses proches en ont aussi souffert, dont ses enfants.
«Mes petites filles n’ont pas compris ce qui se passait, mais elles ont vu que maman n’allait pas bien», a partagé la jeune politicienne de 34 ans.
Jagmeet Singh assure que l’enquête menée par Deborah Jelly, dont la firme Charron Human Ressources est spécialisée notamment dans les enquêtes administratives en milieu de travail, a été menée de façon «exhaustive». Plusieurs personnes auraient été interrogées, mais la victime alléguée aurait refusé de collaborer.
Jagmeet Singh a réintégré Christine Moore dans ses fonctions de porte-parole en matière de développement économique et d’affaires rurales. Il l’a aussi remerciée pour «sa patience et sa coopération pendant ce processus».
«Je sais que cela a été très difficile pour sa famille et pour elle personnellement. Je tiens à exprimer ma plus sincère gratitude», a mentionné le chef néo-démocrate.
Invité à préciser de quelle nature étaient les liens entre la députée et la victime alléguée, Jagmeet Singh a refusé d’élaborer davantage. «Le mandat de l’enquête était d’évaluer les allégations. Donc, les conclusions sont très claires, Mme Moore a été disculpée de toutes les allégations», a-t-il répété.
Malgré la demande de la députée Christine Moore que le rapport soit rendu public, le NPD a choisi de garder le document confidentiel.
Avenir politique incertain
Christine Moore était suspendue du caucus du NPD depuis le 8 mai. Elle représente la circonscription d’Abitibi-Témiscamingue depuis 2011.
Interrogée sur ses intentions de solliciter un nouveau mandat lors des élections de 2019, la jeune femme a répondu qu’il était encore trop tôt pour se prononcer.
«Si je me présente, ça veut dire que je suis prête à être députée pendant quatre ans, peu importe ce qui se passe. Ma priorité dans la vie reste mes enfants et mes proches et il ne faut pas que mon travail leur fasse plus de tort que de bien», a expliqué Mme Moore.
Elle insiste sur l’importance de prendre une décision familiale sur la poursuite de sa carrière en politique.
Poursuites en diffamation
Dans une entrevue exclusive accordée à La Presse canadienne, le 13 mai, Christine Moore avait qualifié les accusations de «tissu de mensonges». Selon l’élue de 34 ans, ces accusations seraient des représailles pour avoir dénoncé les comportements inappropriés des députés Erin Weir, du NPD, ainsi que Massimo Pacetti et Scott Andrews, du Parti libéral.
Pour sa défense, Mme Moore avait fourni plusieurs documents réfutant les allégations formulées contre elle. La députée avait d’ailleurs annoncé son intention de déposer des poursuites en diffamation contre Glen Kirkland et trois chroniqueurs qui ont relayé les allégations dans les médias.
En conférence de presse, jeudi, la députée a confirmé que des mises en demeure ont bien été envoyées et que le processus suit son cours.
«Je crois qu’il est important pour les médias de faire les vérifications nécessaires. Les médias qui ont fait le travail qui incombe aux journalistes ne sont pas visés», a-t-elle précisé.
Parlant d’une époque où l’on «hyperréagit», notamment par l’utilisation des médias sociaux, elle a rappelé l’importance de bien s’informer des détails. Elle a aussi tenu à remercier la population pour son soutien.
Pour la suite des choses, Christine Moore dit avoir hâte de reprendre son travail pour défendre les dossiers de l’Abitibi-Témiscamingue. «J’ai envie de parler d’autre chose, pas d’une personne que j’ai fréquentée il y a cinq ans et qui, au fond, ne m’a jamais aimée», a-t-elle déclaré.