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Les écoles du Québec sont en mauvais état

Photo: Josie Desmarais/Métro
Giuseppe Valiante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Des équipes d’ouvriers de la construction ont profité de l’absence des enfants pendant les vacances estivales pour installer des annexes de métal à de vieilles écoles de Montréal surpeuplées d’élèves.

Un mini baby-boom au cours des années 2000, une immigration accrue et l’arrivée récente de réfugiés exercent une énorme pression sur le système d’éducation dans la Métropole. Les coupes budgétaires et la détérioration rapide des infrastructures contribuent aussi aux problèmes des nombreux élèves montréalais.

Les écoles publiques de Montréal sont pleines à craquer. Et comme cela s’est produit pour le réseau routier et les ponts au Québec, la note pour des décennies de négligence a finalement été présentée.

Des milliers d’enfants reprennent le chemin de l’école pendant que s’active la campagne électorale québécoise. Les enseignants et leurs syndicats voudraient bien que les quatre principaux s’engagent à réinvestir massivement dans l’éducation plutôt que de s’efforcer d’obéir au dogme de l’équilibre budgétaire.

À l’école primaire Saint-Gabriel-Lalemant, dans le nord de Montréal, des annexes peintes en rouge, en orange et en gris, avalent une partie de la cour de récréation pavée.

La vice-présidente de la Commission scolaire de Montréal, Marie-José Mastromonaco, signale que plusieurs salles de classe ont été ajoutées au fil des années dans plusieurs des 150 écoles de la CSDM en convertissant des locaux moins utilisés comme la bibliothèque.

«Nous avons transformé tout ce qui était transformable, a-t-elle souligné. Certaines écoles n’ont plus de bibliothèque ou de salle pour les cours de musique. Cela a donné un peu de répit.»

Ces nouvelles annexes modulaires sont impressionnantes. Elles sont bien éclairées, bien aérées. Les salles ont de nouveaux bureaux pour les élèves et un écran numérique géant.

En vue de l’année 2018-2019, le conseil exécutif de la CSDM a fait installer 104 salles de classe modulaires dans 19 écoles de Montréal.

Les travaux, qui ont duré sept mois, ont coûté environ 20 millions $, a dit Mme Mastromonaco.

«Ces annexes sont temporaires», a-t-elle maintenu. La CSDM espère obtenir de l’argent pour construire un nouveau bâtiment ou un vrai agrandissement de celui déjà existant.

Mme Mastromonaco ignore la durée de temps de ces installations «temporaires».

«Nous espérons qu’elles accueilleront des élèves pendant cinq ou dix ans – au maximum», a-t-elle souligné.

Ces annexes modulaires cachent le véritable problème. Selon le plan québécois des infrastructures 2017-2027: environ 75 pour cent des écoles primaires du Québec sont en très mauvais état.

Selon ce plan, 47 pour cent des écoles secondaires ont aussi besoin de rénovations. Le déficit du budget du maintien des actifs des commissions scolaires atteignait environ 1,8 milliard $.

Les structures immobilières ne sont pas les seules en mauvais état.

Les enseignants s’épuisent à la tâche, se plaignent les syndicats. Les coupes du gouvernement Couillard en vue d’équilibrer le budget de l’État entre 2014 et 2016 ont grandement nui au moral des troupes.

Selon l’IRIS, un centre de recherche indépendant de Montréal, les mesures d’austérité du gouvernement ont entraîné des coupes budgétaires totalisant 675 millions $, dont 337 millions $ dans les écoles primaires et secondaires.

Après des années de vaches maigres, les libéraux ont utilisé les nouveaux excédents budgétaires pour réinjecter de l’argent dans le secteur de l’éducation. Le budget 2018-2019 prévoyait une augmentation de cinq pour cent des dépenses en éducation. Une autre hausse de 3,8 pour cent est prévue pour 2019-2020.

La CAQ a promis de rendre l’école disponible dès l’âge de 4 ans et de «moderniser» toutes les infrastructures scolaires.

De son côté, le Parti québécois s’engage à faire adopter un projet de loi garantissant une augmentation annuelle minimale pour le ministère de l’Éducation. Et Québec solidaire promet une éducation gratuite du CPE au doctorat.

Le président de la CSN, Jacques Létourneau, a déjà annoncé ses couleurs. Selon lui, chaque parti doit se prononcer clairement sur l’alternative suivante: réduction du déficit ou investissement dans les écoles.

«Pendant des années, on a été totalement obsédés par l’atteinte du déficit zéro, le remboursement de la dette, a-t-il souligné. On ne dit pas que ce n’est pas important de s’occuper des finances publiques, mais le drame lorsqu’on coupe massivement dans le financement de nos écoles pour soi-disant financer la dette du Québec pour les générations futures, ce sont les enfants d’aujourd’hui qui n’ont pas de service.»

En mars 2018, la dette brute du Québec s’élevait à 204,5 milliards $, ou 49,6 pour cent du PIB. En 2014-2015, ce pourcentage grimpait à 54,3 pour cent.

La présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ), Josée Scalabrini, reconnaît à contrecoeur que le système public au Québec «est très acceptable», malgré les problèmes évoqués.

«C’est à cause des enseignants, s’empresse-t-elle d’ajouter. Ce sont des gens passionnés qui, depuis des années, tiennent les écoles à bout de bras (…). Notre monde est épuisé. Nos enseignants ne sont pas rémunérés pour le travail qu’ils font, à leur juste valeur. Donc, on n’attire pas des jeunes à avoir le goût de venir en enseignement.

Note aux lecteurs: Ceci est une version corrigée; le texte précédent indiquait que la CAQ voulait rendre l’ecole obligatoire dès l’âge de 4 ans

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