Métroscope électoral: l’aide aux familles, un incitatif à la natalité?
Lundi, François Legault s’est engagé à bonifier le crédit d’impôt aux familles avec enfants. Concrètement, le montant que reçoit une famille pour son deuxième et troisième enfant pourrait être doublé, et atteindre au maximum 2400$ par année, par enfant.
Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) a lancé cette promesse en parlant d’abord d’une aide aux familles, avant d’évoquer le développement de la natalité et «la préservation de l’identité nationale».
Métro a vérifié s’il existait réellement un lien entre les politiques publiques d’aide aux familles et le taux de natalité. Les résultats sont mitigés, et rien n’indique que seul une contribution financière permettrait d’augmenter la natalité au Québec.
Lors d’une étude parue en 2004 et commandée par le Ministère de l’Emploi, de la Solidarité sociale et de la Famille de l’époque, le chercheur Laurent Roy affirmait qu’il était difficile d‘obtenir un consensus de la communauté scientifique sur le lien entre l’aide financière aux familles et la natalité.
L’étude indique qu’il est «difficile d’évaluer l’influence des mesures relatives à la famille sur les comportements en matière de reproduction».
Le chercheur a analysé que rien ne doit être négligé pour favoriser la natalité par des politiques publiques, mais qu’elle était influencée par «un ensemble de mesures». L’aide au logement, le prix des études, les horaires de travail, l’égalité femmes-hommes sont aussi des facteurs qui favorisent la natalité. «Il n’y a pas de formule magique», conclut l’auteur de l’étude, qui préconise «de procéder à une bonne analyse de [la] situation [d’un pays]», avant d’envisager une politique nataliste.
François Legault, dont sa formation politique se définit comme nationaliste, a placé le bien-être des familles avant la natalité et la protection de l’identité nationale, préférant éviter l’épineux débat sur les «bébés bonis». Cette aide financière aux familles a été initiée sous le gouvernement de Robert Bourassa en 1988, puis supprimée par le Parti québécois en 1997. Là encore, même si la natalité a évolué pendant cette période, les chercheurs ne s’entendent pas pour affirmer que cette mesure a eu un effet significatif.