Est-ce que moins d’immigrants signifie une meilleure intégration économique?
Depuis les débuts de la campagne électorale québécoise, deux partis politiques, le Parti québécois et la Coalition avenir Québec, laissent entendre qu’il faut réduire l’immigration pour permettre une meilleure intégration économique des immigrants. Or, les études récentes, que ce soit aux États-Unis (voir l’étude de 2018 de Villarreal et Tamborini dans l’American Sociological Review) ou au Canada (voir Green et Worswick, University of British Columbia, 2009) montrent que les difficultés d’intégration économique sont essentiellement dues à des facteurs «structurels», en particulier à l’évolution du marché du travail et à la discrimination. Le poids du «nombre» n’est jamais cité comme facteur de «non intégration».
Si les gouvernements ont de moins en moins d’emprise sur l’évolution du marché du travail, ils peuvent jouer un rôle clé dans la lutte contre la discrimination. Diminuer l’immigration n’aura aucun impact sur les difficultés d’intégration: il y aurait moins de personnes immigrantes discriminées en nombre absolu, mais le pourcentage demeurera le même.
Un dernier mot sur l’état du marché du travail: il n’y a pas que les immigrants qui rencontrent des difficultés. En effet, lorsque l’économie va mal (par exemple, en période de récession), tous les nouveaux entrants, y compris les jeunes, subissent les mêmes difficultés. Par contre, lorsque l’économie va bien, comme c’est le cas présentement au Canada et au Québec, les pénuries d’emploi se font sentir, ce qui peut faciliter l’intégration économique des nouveaux venus sur le marché du travail.
Rien à voir avec le nombre d’immigrants.