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Le meilleur du pire des politiciens d’ici, selon Olivier Niquet

Olivier Niquet Photo: Josie Desmarais/Métro

Juste à temps pour les élections provinciales, Olivier Niquet présente Le club des mal cités, recueil regroupant les bourdes les plus marquantes de nos politiciens. Discussion autour des mots et des maux de la politique.

Membre discret, mais essentiel, de La soirée est (encore) jeune, chroniqueur pour Métro et grand amateur de lasagne devant l’éternel, Olivier Niquet tente à nouveau sa chance dans le monde des belles lettres.

Après le succès de Dans mon livre à moi, anthologie des mots d’esprit de nos plus brillants sportifs, l’introverti le plus célèbre du Québec fait cette fois une incursion dans le monde politique.

Fruit d’une démarche amorcée en 2012, Le club des mal cités inventorie les 400 plus beaux lapsus, néologismes douteux et détournements de sens de notre classe politique.

Un livre divertissant (et qui, au dire de son auteur, «se lit très bien sur le bol de toilette»), mais qui porte aussi à réfléchir sur le poids des mots et de l’image dans la joute politique.

Est-ce que mettre les politiciens face à leurs erreurs ou à leur insignifiance est un remède contre la langue de bois?
Paradoxalement, je dirais que c’est le contraire. Devant tous les lapsus et les erreurs qu’ils font, peut-être vont-ils se dire: «Je suis mieux de fermer ma gueule et de juste dire de grandes phrases qui ne veulent rien dire.» Je participe peut-être un peu à la langue de bois. (Rires)

«Vous savez que je ne suis pas le genre à me mettre la tête dans l’autruche.» – Gérard Deltell, alors député de la CAQ

Est-ce que vous avez un regard cynique sur la politique?
Non… peut-être un peu. Je trouve qu’on parle beaucoup des petites affaires, des gaffes, des petits enjeux. Souvent au détriment des grands enjeux. C’est un peu mon pain et mon beurre, ces affaires-là, mais c’est vrai qu’on pourrait s’attendre à plus de nos politiciens. Globalement, je suis quand même assez optimiste et j’ai quand même de l’admiration pour ces gens-là. Ils travaillent tous très fort, et la plupart sont là pour les bonnes raisons. Ce n’est pas nécessairement ce qui transparaît dans les médias.

«J’insiste sur le caractère normal de ce caucus extraordinaire.» – Philippe Couillard, premier ministre du Québec

La présente campagne électorale est dominée par les slogans simplistes comme «Maintenant», «Sérieusement» ou «Populaire». Est-ce qu’on assiste à un appauvrissement du discours politique?
Les politiciens sont pris dans un engrenage médiatique pour avoir LE «clip» qui va passer aux nouvelles et l’image qui va rester dans la tête des gens. Ça donne des slogans comme ça. C’est ce qui fait que, des fois, ils se forcent pour trouver des formules-chocs qui sont un peu ridicules et finissent dans ce livre.

Est-ce qu’un tel ouvrage peut être objectif?
Tous les partis sont représentés, proportionnellement à leur nombre de députés. C’est assez juste, même s’il y a beaucoup plus de libéraux parce que ça fait 15 ans qu’ils sont au pouvoir et qu’ils ont plus de visibilité. C’est sûr qu’il y a certaines citations que je trouve drôles en raison de mes opinions politiques, mais que quelqu’un avec des opinions différentes ne trouverait pas drôles. Comme le chef du Parti conservateur du Québec, Adrien Pouliot, qui dit que François Legault et Philippe Couillard sont à gauche. Moi, je trouve ça drôle, mais il y a sûrement des gens qui sont d’accord avec lui. Le contexte peut aussi rendre une citation mémorable. Une phrase banale dite dans un contexte particulier peut devenir drôle… ou triste selon le cas.

Devrait-on rire ou pleurer devant ces dérapages linguistiques?
Certains sont décourageants, mais ça demeure des citations choisies. Ce n’est pas nécessairement la norme. C’est un grand mot, mais ce livre peut aussi nous aider à nous questionner sur la démocratie. Il y a plein de stratégies des politiciens qui servent à nous tromper. La langue de bois, c’est-à-dire ne pas répondre aux questions des journalistes en disant n’importe quoi jusqu’à ce que les journalistes cessent de les «gosser», c’est un peu à ça que ça sert. Ce n’est pas toujours pour nous tromper intentionnellement, c’est souvent pour se sortir d’une situation et ne pas répondre aux questions. Mais les politiciens utilisent aussi plein d’autres fausses analogies et de raisonnements fallacieux pour nous convaincre de quelque chose, sans fondement.

«Je suis pour les arbres, mais pas au détriment du stationnement.» – Jean-François Gosselin, candidat à la mairie de Québec

Auriez-vous envie un jour d’écrire sur le sujet dans vos propres mots?
J’ai d’autres idées de livre dans mes propres mots, mais pas sur ce sujet. En ce moment, ce qui m’intéresse, c’est l’introversion. Présenter le monde vu par un introverti. C’est encore un projet vague, mais c’est intéressant de voir comment on s’en sort dans un monde de grandes gueules.

C’est un peu contradictoire qu’un homme de peu de mots comme vous s’intéresse aux mots des autres, non?
Ça me fascine, les gens qui sont capables de parler pendant des heures de sujets qu’ils ne maîtrisent pas toujours, qui sont obligés d’avoir une opinion et de se prononcer sur plein de choses. Je serais incapable de faire ça. Je ferais deux fois plus de lapsus qu’eux. Ma démarche demeure donc très humble.

«On est une monarchie, c’est une décision qu’on a prise.» – Mélanie Joly, ministre du Patrimoine canadien

Parmi tous ceux présents dans le livre, avez-vous un politicien préféré?
J’ai un petit faible pour Jean Tremblay [ancien maire de Saguenay]. C’est un peu un fanatique religieux quand on y pense. S’il était musulman, je ne suis pas sûr qu’il aurait le même capital de sympathie. «Les non-croyants, j’y crois de moins en moins», une de ses citations, c’est profond. Il y a plusieurs niveaux là-dedans.

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