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Cerfs: une maladie mortelle détectée au Québec

Les cerfs de Virginie sont au nombre d'une quarantaine dans le parc-nature de la Pointe-aux-Prairies. (Photo : pacophoto.ca) Photo: Sylvain Gagnon Photographer
Morgan Lowrie, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le gouvernement québécois mise sur un contrôle massif de la population de cervidés de la province pour éviter la propagation d’une maladie mortelle, après que son tout premier cas eut été détecté dans une ferme de chasse au gibier, au nord de Montréal.

Le ministère de la Faune du Québec a confirmé plus tôt ce mois-ci qu’une maladie dégénérative et fatale du système nerveux avait été détectée chez un cerf d’élevage qui avait été envoyé à l’abattoir à la fin août.

La maladie provoque une infection mortelle du système nerveux central chez les cerfs, les wapitis, les rennes et les orignaux. Elle ressemble à la maladie de la vache folle chez les bovins.

Bien que la maladie puisse rester indétectable pendant des années, elle finit par entraîner une mauvaise santé, des changements de comportement, une désorientation et la mort.

La découverte récente est le premier cas positif sur plus de 22 000 échantillons testés dans la province.

La nouvelle a sonné l’alarme auprès des représentants du gouvernement, qui ont interdit la chasse, le trappage et les activités tout-terrain dans un rayon de 400 kilomètres de la ferme, qui comprend une portion des régions des Laurentides et de l’Outaouais, au nord et à l’ouest de Montréal.

Jeudi, ils ont annoncé leur intention d’abattre entre 300 et 350 cerfs afin de tester la maladie.

Une autre bande de terre a été déclarée zone de surveillance, où les chasseurs sont invités à soumettre les carcasses à des fins de tests et à éviter de retirer certaines parties du cerf de la zone.

Donald Jean, biologiste au ministère, a souligné en conférence de presse que l’objectif était de déterminer si la maladie est présente dans les hordes sauvages de cerfs, et si tel est le cas, de l’éliminer.

Des populations sauvages menacées

Michel Baril, biologiste à la Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs, croit que la maladie hautement contagieuse a le potentiel de décimer les populations de cerfs sauvages.

«Cette maladie-là, on n’a aucune façon de la contrôler. Si elle se répand dans le cheptel de cerfs de Virginie sauvage, après ça, il n’y a aucune façon d’éradiquer la maladie. On perd un peu le contrôle», a-t-il déclaré en entrevue téléphonique.

«On risque de perdre des bonnes parts de nos populations de cerfs et d’originaux.»

M. Baril croit que le ministère de la Faune effectue un «travail adéquat», mais il critique le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, qui selon lui devrait en faire davantage pour isoler la ferme ou identifier la source de contamination.

Selon lui, les autorités devraient continuer d’abattre les animaux jusqu’à ce que la source soit découverte.

«Pour trouver la maladie, il faut abattre un animal, lui couper la tête et faire des analyses dans son cerveau», a-t-il souligné.

«C’est ce qu’on a arrêté de faire présentement dans le troupeau de cerfs rouges.»

Selon le biologiste, toutes les fermes d’élevage devraient être forcées à construire un deuxième enclos pour créer une zone tampon entre les populations d’élevage et sauvages.

Une maladie difficile à éradiquer

Stephane Lair, vétérinaire au Réseau canadien pour la santé de la faune, explique qu’il est possible que le cerf ait contracté la maladie d’un autre animal, dont un oiseau, ou même d’un humain, qui pourrait avoir manipulé de l’équipement contaminé.

D’après lui, la maladie est peut-être déjà présente au Québec depuis quelque temps, mais pas très répandue.

La maladie, détectée en premier dans les années 1960 aux États-Unis, est «presque impossible» à éliminer, selon M. Lair.

Elle est maintenant présente dans quelque 25 États américains, ainsi qu’en Alberta et en Saskatchewan.

Le plan d’intervention du Québec s’inspire de celui de New York, qui serait le seul État à être parvenu à éliminer la maladie.

Optimisme à l’ACIA

El Mehdi Haddou, un vétérinaire à l’Agence canadienne d’inspection des aliments, est optimiste à l’idée que l’infection ait été détectée assez tôt pour être freinée.

Quelques dizaines d’animaux de la ferme affectée ont été testés dans les derniers jours, et ils étaient tous en santé, dont 14 avaient le même âge que la bête malade.

«En testant ces animaux, nous savons que la prévalence de la maladie…sera très faible, parce que les animaux qui avaient le plus de chances d’être infectés étaient négatifs», a-t-il souligné.

Il a ajouté que son agence et les ministères provinciaux de l’Agriculture enquêtaient toujours et étaient prêts à prendre davantage de mesures, y compris l’abattage de tout le troupeau si nécessaire.

Même s’il n’y existe actuellement aucune preuve que la maladie peut se transmettre à l’homme, M. Haddou a déclaré que les scientifiques n’avaient pas exclu la possibilité que cela se produise.

Pour cette raison, a-t-il déclaré, il est conseillé aux chasseurs de ne pas manger de viande provenant de cerfs présentant des symptômes de la maladie, ou au moins de faire tester la carcasse avant de consommer la viande.

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