Cinq multinationales responsables de la moitié du plastique échoué sur les berges
Plus de 40% des déchets de plastiques ramassés sur les plages canadiennes appartiennent à cinq multinationales.
C’est ce qui ressort d’un rapport de Greenpeace Canada qui a participé à l’opération mondiale du Grand nettoyage des rivages. Lors des neuf corvées réalisées au Canada, il ressort que 46% des 2231déchets de plastiques contenant une marque, proviennent de cinq multinationales.
Si les emballages alimentaires de chips (PepsiCo) et de barres chocolatées figurent en tête de liste, «il y a avait énormément de bouteilles (Nestlé et Coca-Cola), de tasses à café et de couvercles (Tim Horton et MacDonald’s)», souligne Agnès LeRouzic, la porte-parole de la campagne chez Greenpeace Canada.
Cette dernière mentionne qu’au Canada, moins de 11% des plastiques sont recyclés. «Imaginez alors dans des pays qui n’ont pas un système de collecte», dit-elle, en invitant la population à signer une pétition pour forcer les multinationales à changer leurs pratiques.
Si certaines bannières de café offrent à leurs clients des rabais quand ils se présentent avec une tasse réutilisable, Mme LeRouzic mentionne qu’une étude réalisée pour le compte de cafés indépendants démontre que le surcoût est le meilleur incitatif pour créer un changement d’habitude chez les consommateurs, bien plus qu’un rabais équivalent.
Afin d’améliorer la collecte des contenants de plastique à usage unique, plusieurs organismes, dont le Front québécois pour une gestion écologique des déchets, militent pour une extension de la consigne. De son côté, l’industrie avance que la consigne est une taxe déguisée qui appauvrit les centres de recyclage et qui crée une chaîne de récupération à l’origine d’émissions de GES supplémentaires.
Si l’Association canadienne des boissons est «d’accord que les déchets maritimes sont une priorité mondiale» et soutient des initiatives à l’étranger, l’association indique s’impliquer au Canada dans l’amélioration des systèmes de recyclage qui ont actuellement un taux d’efficacité de plus de 75%.
La pollution au plastique n’est pas anodine selon Greenpeace, qui rappelle qu’une tortue sur trois et neuf oiseaux marins sur dix ont ingéré du plastique dans leur existence. Des traces de microplastiques ont en outre été retrouvées dans l’eau potable, sans que l’on sache encore l’impact sur la santé.
Interrogée en mêlée de presse sur la question de la pollution du plastique, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a déclaré que le plan en préparation «va toucher plusieurs secteurs d’activité et la question du plastique et du recyclage en fait partie». Elle a ajouté que «la question de la revalorisation et du recyclage est fondamentale pour l’atteinte de nos objectifs de zéro déchet 2030.»
Dans la région de Montréal, le fleuve Saint-Laurent et la rivière des Prairies ont fait l’objet de ramassages par l’organisme Mission 10 Tonnes, qui organise des corvées. Selon la caractérisation des déchets récupérés en septembre, des sacs de plastique de plus de 50 microns ont été trouvés. Pourtant, le bannissement des sacs de plastique de moins de 50 microns à Montréal et le remplacement par des sacs plus épais était censé éviter que ces nouveaux sacs d’épicerie ne partent au vent et se retrouvent dans les cours d’eau. Longueuil interdit les sacs de plastique depuis le 1er septembre.