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Les journalistes exclus d’un discours de Harper

Jose Luis Magana / La Presse Canadienne Photo: Jose Luis Magana / La Presse canadienne

OTTAWA — Les journalistes ne seront finalement pas invités à l’allocution prononcée jeudi par Stephen Harper à Toronto, signe que l’ancien premier ministre conservateur continue peut-être de nourrir une certaine antipathie à l’égard de la presse nationale.

M. Harper doit s’adresser jeudi midi aux membres du Canadian Club de Toronto, qui avait précédemment invité des journalistes à couvrir l’événement. Mais l’organisme a envoyé mercredi un avis aux médias indiquant que l’invitation avait été transmise «par erreur». Colleen Kennedy, directrice administrative du Canadian Club, a expliqué que l’événement avait toujours été considéré comme «privé», et que son organisation n’aurait pas dû envoyer une invitation aux médias.

M. Harper publie un nouveau livre, «Right Here, Right Now» (Ici, maintenant), dans lequel il explique comment les conservateurs devraient affronter la montée du populisme depuis l’élection de Donald Trump à la présidence américaine. L’ancien premier ministre canadien a déjà accordé des entrevues à des médias américains plus tôt cette semaine pour faire la promotion de son bouquin.

Pendant près de dix ans à la tête du pays, M. Harper et les membres du cabinet du premier ministre ont entretenu une relation acrimonieuse avec les médias nationaux. M. Harper se méfiait des motivations profondes des journalistes, et son entourage contrôlait étroitement l’accès aux ministres, diplomates étrangers et hauts fonctionnaires — jusqu’aux scientifiques du gouvernement.

Dans son livre, M. Harper affirme que les dirigeants politiques ne peuvent ignorer les forces qui ont mené M. Trump à la Maison-Blanche. Il estime que les conservateurs doivent trouver des moyens pratiques de surmonter le fossé et la méfiance qui séparent les travailleurs des dirigeants politiques.

Ce message rappelle celui souvent exprimé par le premier ministre libéral Justin Trudeau — «soutenir la classe moyenne». Mais M. Harper établit une distinction partisane très nette, en affirmant qu’«une approche conservatrice pragmatique à l’économie de marché» constitue le meilleur moyen de gérer la perturbation actuelle. «Si les conservateurs n’élaborent pas de réponses, non seulement nous aurons l’air déconnectés, mais nous céderons aussi du terrain aux mauvaises idées de l’autre côté», écrit-il.

Le «problème» de la Chine
M. Harper estime que les partisans de M. Trump ne peuvent pas simplement être considérés comme des bigots mal informés. Bien qu’il évite de s’en prendre directement à Donald Trump — contrairement à Jean Chrétien dans son nouveau livre —, M. Harper estime toutefois que l’accent mis par le président américain sur la renégociation d’un accord de libre-échange «qui fonctionnait bien» s’est avéré «une distraction énorme et inutile pour nous tous».

Il estime que les trois partenaires nord-américains auraient plutôt dû se concentrer sur leur problème commun: la Chine. Selon M. Harper, le président chinois actuel, Xi Jinping, est «profondément attaché à la gouvernance autoritaire» et au pouvoir à vie.

La Chine est sur le point de devenir la plus grande économie du monde, et ce n’est pas une bonne nouvelle, selon M. Harper. «Combiné avec son autoritarisme renouvelé, son agressivité croissante face à l’étranger et son renforcement militaire, cela ne peut être considéré que comme une menace sérieuse pour le modèle démocratique occidental», soutient l’ex-premier ministre.

M. Harper s’oppose également à l’octroi du statut d’«économie de marché» à la Chine, et accuse le gouvernement libéral qui dirigeait le pays avant lui d’avoir tenté «d’introduire en douce un traitement spécial pour la Chine dans nos réglementations», avant qu’il ne les annule une fois au pouvoir.

Selon lui, le statut d’«économie dirigée» attribué à la Chine en 2001 lors de son adhésion à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) doit être maintenu, et les efforts de M. Trump dans ce sens doivent être appuyés par le Canada. Une clause controversée de l’entente de libre-échange nord-américain récemment renégociée oblige un signataire à prévenir les autres partenaires s’il entame des négociations commerciales avec un pays n’ayant pas une économie de marché.

«M. Trump doit camper sur ses positions et continuer à résister aux appels lancés en faveur d’une modification du statut de la Chine à l’OMC, en l’absence de réformes suffisantes» dans ce pays, écrit M. Harper. «Le gouvernement chinois souhaite ardemment obtenir le statut d’économie de marché: il doit d’abord le mériter.»

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