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Hydro-Québec pourrait être copropriétaire du projet Apuiat

Photo: Josie Desmarais/Métro

QUÉBEC — Hydro-Québec pourrait créer un précédent en prenant une participation dans le projet éolien Apuiat des Innus de la Côte-Nord, évalué à 600 millions $.

Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonatan Julien, n’a pas écarté cette option vendredi, mais la société d’État n’a pas encore entamé de pourparlers à ce sujet.

Actuellement, Hydro s’approvisionne auprès de producteurs éoliens privés, mais n’est pas actionnaire ou copropriétaire de ces parcs d’éoliennes.

Hydro-Québec devait s’engager en vertu d’une entente de principe à acheter les 200 mégawatts d’électricité d’Apuiat, mais le projet a été dénoncé et condamné par le gouvernement Legault, pour son coût jugé trop onéreux, dans le contexte actuel de surplus d’électricité.

Les Innus avaient néanmoins affirmé cette semaine que leur projet était encore bien vivant et que les dés étaient loin d’être jetés.

En point de presse vendredi matin à l’Assemblée nationale, le ministre Jonatan Julien a été questionné à savoir si Hydro-Québec pourrait devenir en partie propriétaire du parc éolien.

«Hydro-Québec et le gouvernement regardent toutes les options que vous pouvez présumer, n’importe laquelle», a-t-il répondu. Il a aussi précisé qu’une rencontre avait lieu vendredi entre certaines des parties.

La société d’État a indiqué qu’elle n’était pas de cette rencontre, qui rassemblait plutôt des représentants du gouvernement et les principaux partenaires concernés, a-t-on précisé.

C’était une réunion «pour engager le dialogue», a affirmé en entrevue téléphonique le porte-parole d’Hydro, Serge Abergel, qui n’avait pas encore reçu de compte-rendu.

Il a rappelé que la société d’État est en surplus à court terme, toutefois la donne peut changer sur le long terme et alors elle pourrait devenir productrice en éolien, d’ici à quelques années.

«On n’a pas entamé de discussions vers ça pour l’instant, a-t-il dit. Si on a du succès dans nos initiatives pour vendre notre énergie, on a dit ouvertement que dans l’horizon 2020-2021, on va se prononcer sur les prochains grands projets. Est-ce que ce sera hydro-électrique? De l’éolien? Du solaire? Toutes les options seront regardées. Effectivement, Hydro-Québec pourrait être opérateur dans ce contexte.»

À ce titre, les Innus faisaient valoir qu’à la mise en service prévue d’Apuiat en 2022, le surplus énergétique d’Hydro sera de beaucoup amoindri.

Le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit n’a pas donné suite à notre demande d’entrevue.

Le projet innu en partenariat avec l’entreprise Boralex est au centre de la controverse depuis plusieurs mois maintenant. L’entente de principe avait été conclue juste avant la campagne électorale.

Le projet de contrat d’approvisionnement en électricité était appuyé par le précédent gouvernement Couillard, mais la Coalition avenir Québec l’avait dénoncé sur toutes les tribunes en raison de son coût, d’autant plus que la société d’État est en surplus d’électricité. Des articles avaient rapporté les réticences du grand patron d’Hydro, Éric Martel, ainsi que les coûts élevés du contrat à long terme, entre 1,5 et 2 milliards $.

Hydro-Québec a laissé entendre que le projet était encore en ballottage, mais reconnaissait que la décision revenait à «l’actionnaire», soit le gouvernement.

Le gouvernement Legault avait refusé pour sa part d’ouvrir son jeu sur une éventuelle indemnisation des communautés innues lésées si le projet est enterré.

De leur côté, les Innus font valoir qu’ils ne sont plus dans une logique de recevoir une « rente », mais bien de réaliser leurs propres projets. Ils ont rappelé qu’ils devaient recevoir près d’une dizaine de millions de dollars par an pendant 25 ans grâce à Apuiat, et que de 300 à 400 emplois seraient créés durant le chantier.

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