Les coûts des projets d'infrastructures en hausse
QUÉBEC – Québec est confronté à des choix car la valeur des grands projets d’infrastructures annoncés dépasse sa capacité de payer, a déclaré un expert mandaté par le gouvernement.
Dans une étude dont les résultats ont été dévoilés vendredi, Daniel Denis, de la firme Secor-KPMG, a constaté d’importants dépassements de coûts ainsi que l’ajout de nouveaux projets qui alourdissent la facture du gouvernement.
Le dernier Plan québécois des infrastructures (PQI) prévoyait des investissements totalisant 44,2 milliards $ en cinq ans.
M. Denis a affirmé lors d’une conférence de presse qu’une mauvaise estimation préliminaire des coûts des projets explique les révisions à la hausse observées dans divers dossiers.
Selon le document de Secor-KPMG, le montant des ajustements, entre mars et octobre derniers, totalise 5 milliards $.
Cette somme inclut 3 milliards $ de projets actuellement à l’étude, 1,4 milliard $ d’ajouts par les ministères et organismes et 682 millions $ de coûts révisés.
Selon M. Denis, si le gouvernement veut respecter ses objectifs financiers, il devra nécessairement faire des choix.
«Il faudra faire des choix car il y a trop de projets, d’une certaine façon, pour la capacité de payer du gouvernement du Québec, a-t-il dit. Et de l’autre côté, il va falloir contrôler encore mieux les budgets des projets pour s’assurer qu’ils soient réalisés à l’intérieur des cibles maximales qui sont fixées.»
L’analyse de Secor-KPMG révèle une augmentation moyenne de 78 pour cent des coûts d’une vingtaine de projets majeurs par rapport à leurs estimations initiales.
Dans la catégorie des grands projets de 40 millions $ et plus inscrits au (PQI) de 2011-2016, la hausse moyenne dépasse 50 pour cent. L’étude indique par ailleurs que ce portrait est incomplet puisque certains projets de ministères et organismes ne sont pas inclus.
Les données indiquent que la facture d’importants projets a gonflé.
Le projet de reconstruction de l’échangeur Turcot, à Montréal, a bondi de 141 pour cent, pour atteindre 3,6 milliards $, tandis que le projet de train de l’Est, dans la région montréalaise, a bondi de 139 pour cent, à 718 millions $.
Le projet de Centre hospitalier de l’Université de Montréal a augmenté de 127 pour cent, à 3,4 milliards $, alors que le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) est passé à 2,8 milliards $, une hausse de 78 pour cent.
Dans son document, Secor-KPMG constate des lacunes dans la planification du coût des projets, attribuées notamment à la précipitation, tant pour les annoncer que les réaliser.
M. Denis a affirmé que les estimations préliminaires sont souvent trop basses et que des changements en cours de route entraînent un gonflement des coûts.
Infrastructure Québec, une agence gouvernementale, a mandaté Secor-KPMG afin de doter le nouveau gouvernement d’un plan de gestion «clair et rigoureux», indique le document dévoilé vendredi.
Sans coup de barre, le gouvernement québécois pourrait être incapable d’atteindre son objectif de réduire son taux d’endettement à 45 pour cent du produit intérieur brut (PIB) en 2025-2026.
Selon l’étude, 26 pour cent de la dette de 159 milliards $, en 2012, est constitué d’emprunt contractés pour payer des infrastructures.
La dette augmentera à 207,1 milliards $ en 2016, et 86 pour cent de cet alourdissement sera attribuable aux emprunts destinés à financer les infrastructures publiques.
Le président du Conseil du trésor, Stéphane Bédard, a déclaré dans un communiqué que le précédent gouvernement libéral était responsable de la mauvaise gestion mise en lumière par le rapport.
«Le gouvernement précédent a été irresponsable, a-t-il dit. Il n’a pas réussi à mettre en place un processus efficace de planification, de gestion et de suivi permettant de contrôler les coûts des projets d’infrastructure.»
M. Bédard a affirmé qu’il a l’intention de corriger la situation dans les plus brefs délais et qu’il présentera les orientations du gouvernement au cours des prochains jours.