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À Beauharnois, comme au musée

Photo: Hydro-Québec

Visiter une centrale hydroélectri­que comme on visite un musée? Tout à fait. Pénétrer dans la centrale de Beauharnois, c’est ouvrir l’œil sur la science, le patrimoine et le design.

Le casque de sécurité vissé à la tête et les lunettes de protection au visage, on a davantage l’impression d’aller visiter un chantier de construction en se rendant à la centrale hydroélectrique de Beauharnois, située à 45 minutes au sud-ouest de Montréal. Mais en passant sous les immenses lettres art déco qui affichent le nom de la centrale et en poussant la porte de laiton du même style, on sait que la visite ne sera pas ordinaire.

Beauharnois est la cinquième plus grosse centrale du Québec et la plus importante au sud de la province, les quatre premières étant à la baie James. Au delà de son aspect pratique – Beauharnois a une puissance de 1 903 MW, ce qui est suffisant pour alimenter environ 400 000 mai­sons pour un an –, la centrale en jette par sa majesté. Son bâtiment principal, qui abrite 38 groupes turbines-alternateurs, est long de près d’un kilomètre, ce qui en fait la deuxième plus longue centrale du monde.

L’endroit est intrinsèquement lié à l’histoire de la métropole. Dès 1929, la construction du canal de Beauharnois débute. Le but? Créer, entre le lac Saint-François et le lac Saint-Louis – déjà relié par le fleuve Saint-Laurent –, une chute d’eau unique de 24 mètres afin de profiter du potentiel hydroélectrique de la région. La première phase de la centrale pousse au même moment. Deux agrandissements, sous l’aile d’Hydro-Québec qui prend contrôle de la centrale dès sa création, en 1944, auront lieu jusqu’en 1961. La centrale demeurera la plus importante du Québec jusqu’en 1979, année de l’ouverture des grands projets hydroélectriques à la baie James.

Hydro-Québec prend soin de son bijou, classé lieu histo­ri­que national du Canada. À l’intérieur, la majorité des groupes turbines-alternateurs sont encore coiffés d’une lam­pe de style art déco. Les tableaux de contrôle, pour chacune des turbines, semblent sortis d’une autre épo­que. C’est que, quand on a changé les systèmes de commande pour les rendre informatiques, il y a quelques années, on a conservé le style d’origine des boutons et du revêtement. Même chose pour les magnifi­ques fenêtres à carreaux qui couvrent la centrale sur son flanc nord. Même style d’antan, mais on peut maintenant les contrôler de façon… électrique!

Sur le toit de la centrale de Beauharnois, où l’on termine la visite, l’air est frisquet. Il y a plus de 80 ans, on posait les premières pierres d’un chef-d’œuvre de l’ingénierie. Aujour­d’hui, le décor a un peu changé.

D’ici, par exemple, on aperçoit le nouveau pont de l’autoroute 30. Mais sous nos pieds, 24 mè­tres plus bas, peu de choses ont changé – si ce n’est que le métal des turbines a été remplacé par de l’acier inoxydable –, la magie opère comme au premier jour.

Le scandale de la Beauharnois
Les histoires de corruption ne datent pas d’hier. Avant la construction de la centrale de Beauharnois, à la fin des années 1920, l’entreprise Beauharnois Light, Heat and Power Co. verse 700 000 $ au Parti libéral du Canada et au Parti libéral du Québec afin d’obtenir les droits pour dériver les eaux du fleuve Saint-Laurent.

Le premier ministre fédéral, William Mackenzie King, n’a pas séjourné sur un yacht, mais aurait profité de vacances aux Bermudes, payées par la Beauharnois. King, défait par les conservateurs avant même que le scandale n’éclate, est pourtant revenu au pouvoir pour 13 ans, même après que l’histoire fut révélée.

Le scandale de la Beauharnois, le plus important de la décennie, n’a pas empêché non plus le premier ministre québécois Louis-Alexandre Taschereau d’être élu pour un troisième mandat. L’affaire a toutefois forcé les Québécois à se questionner sur le trust de l’électricité et a sans doute mené à la création d’Hydro-Québec, en 1944.

Visites électrisantes
La centrale hydroélectrique de Beauharnois est ouverte au public pour des visites.

  • Pendant la saison morte, il faut toutefois réserver.
  • L’été, une douzaine d’autres centrales d’Hydro-Québec peuvent être visitées.
  • La Cité de l’énergie de Shawinigan, l’Électrium de Sainte-Julie et le siège social d’Hydro-Québec sont ouverts toute l’année durant.
  • À consulter : hydroquebec.com/visitez

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