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Le deuxième procès de Dennis Oland reprend

Andrew Vaughan / La Presse Canadienne Photo: Andrew Vaughan
La Presse canadienne - La Presse Canadienne

SAINT-JEAN, N.-B. — La Couronne a soutenu mercredi que l’homme d’affaires multimillionnaire Richard Oland avait été tué «dans un accès de rage» par son seul fils, Dennis, qui était criblé de dettes et sollicitait son aide financière.

Dans sa déclaration préliminaire au deuxième procès pour meurtre au deuxième degré, mercredi à Saint-Jean, la procureure Jill Knee a soutenu «que la preuve démontrerait hors de tout doute raisonnable que Dennis Oland a bel et bien tué son père» le 6 juillet 2011. L’accusé est la dernière personne connue à avoir vu Richard Oland vivant.

Me Knee a plaidé que l’auteur du crime avait été pris d’un accès de colère lorsque son père, âgé de 69 ans, avait refusé de l’aider, et qu’il l’avait frappé à 45 reprises, surtout à la tête, avec une arme — qui n’a jamais été retrouvée. La procureure a indiqué que Dennis Oland vivait au-dessus de ses moyens et qu’il était lourdement endetté lorsqu’il a rendu visite à son père, dont la fortune personnelle s’élevait à plus de 30 millions $.

La défense, de son côté, a plaidé que cette cause, qui repose sur des preuves purement circonstancielles, ressemblait à un casse-tête dont certaines pièces manquent et dont les pièces existantes ne s’emboîtent pas.

Des images d’une caméra de surveillance prises le soir du 6 juillet 2011 ont été montrées au tribunal, mercredi. On y voit un Dennis Oland calme et serein faisant les courses avec des membres de sa famille. «Même un tueur professionnel ne serait pas si calme et normal après un meurtre aussi brutal, violent et sanglant», a plaidé l’avocat de la défense Alan Gold.

Dennis Oland, ancien conseiller financier âgé de 50 ans, a pour la troisième fois de sa vie, mercredi, déclaré qu’il n’était pas coupable du meurtre au deuxième degré de son père. Me Gold a indiqué que l’accusé témoignerait pour sa propre défense.

Le procès se déroule cette fois devant juge seul. Le juge Terrence Morrison, de la Cour du banc de la reine du Nouveau-Brunswick, avait renvoyé le jury mardi et annoncé qu’il entendrait l’affaire seul. Il a expliqué que le processus de sélection des jurés avait été entaché d’«irrégularités» impliquant un policier municipal de Saint-Jean. L’agent Sean Rocca a utilisé une base de données de la police pour vérifier les antécédents des jurés, ce qui contrevient à un arrêt de 2012 de la Cour suprême du Canada.

Relation père-fils «tendue»

La procureure Knee a également plaidé, mercredi, que la relation entre le père et le fils était «tendue»; mais selon Me Gold, cette description est celle de la police, et non de Dennis Oland.

«Bien que publiquement, Richard Oland ait peut-être donné l’image d’un homme généreux, la situation était tout autre à la maison», a déclaré Me Knee, en ajoutant que la femme de la victime disposait d’un budget strict de 2000 $ par mois. «Au fil des ans, cette relation est devenue davantage une relation d’affaires qu’une relation père-fils», a soutenu Me Knee.

Par ailleurs, Dennis devait de l’argent à son père, et il avait signé un chèque sans provision peu de temps avant cette rencontre du 6 juillet 2011. On ignore toutefois ce dont les deux hommes ont pu parler lors de leur rencontre privée, seul à seul, dans le bureau de la victime, et la défense a soutenu mercredi que Dennis ne s’en faisait pas trop avec ses dettes.

Selon Me Gold, ce procès se distingue surtout par l’absence de «preuves incriminantes», notamment des preuves d’ADN. Les taches de sang sur la veste marron que portait Dennis Oland lorsqu’il a rendu visite à son père ne correspondent pas à ce à quoi on s’attendrait après un meurtre aussi sanglant, soutient la défense. Dennis Oland avait toutefois fait nettoyer la veste après le meurtre — et avant que la police ne procède à une perquisition chez lui.

Le cellulaire

Me Gold a aussi rappelé que la police n’avait trouvé aucune trace de sang dans la voiture conduite par Dennis, sur son téléphone portable ou sur d’autres objets en sa possession ce jour-là, alors que les éclaboussures de sang sur les lieux du crime étaient considérables.

L’accusation et la défense ont aussi évoqué le fait que Richard Oland avait une maîtresse. La Couronne soutient que les relations père-fils en étaient encore plus tendues, mais Me Gold a plaidé que Dennis, bien que mécontent de cette liaison extraconjugale, était déjà au courant depuis un certain temps.

Les procureurs ont déclaré que la seule chose qui avait été dérobée dans le bureau de Richard Oland le soir du meurtre était son téléphone portable, qui a été retracé peu de temps après à Rothesay, par une tour de téléphonie cellulaire. Dennis Oland venait alors de quitter le bureau de son père pour rentrer chez lui à Rothesay, en banlieue de Saint-Jean. Selon Me Gold, il n’existe aucune preuve qui expliquerait pourquoi Dennis aurait pris le téléphone portable de son père; il soutient aussi que la preuve de la tour de téléphonie cellulaire n’est pas fiable.

Maintenant que les avocats ont présenté leur déclaration préliminaire, le procès se poursuivra avec la présentation de la preuve.

C’est la deuxième fois que Dennis Oland est jugé pour le meurtre de l’homme d’affaires et ancien dirigeant de la brasserie Moosehead. Il a été inculpé de meurtre au deuxième degré en 2013, et condamné en 2015. Le verdict du jury dans cette affaire a toutefois été annulé en 2016 par la Cour d’appel, qui a ordonné la tenue d’un nouveau procès.

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