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Le populisme et l’inertie plus forts que l’environnement en 2018

automobile
Le secteur des transports est responsable de plus de 40% des émissions de GES au Québec. Photo: Josie Desmarais/Métro

L’année 2018 a été marquée par plusieurs phénomènes météorologiques extrêmes et l’augmentation de la grogne populaire face aux politiciens qui peinent à poser des gestes en adéquation avec l’urgence liée aux changements climatiques.

Ottawa
Le rejet par la justice fédérale du projet d’élargissement du pipeline Trans Mountain, dans l’ouest, aurait pu être une bonne nouvelle pour les environnementalistes. Mais en août, le gouvernement de Justin Trudeau a décidé de racheter le vieux pipeline de l’entreprise américaine Kinder Morgan pour 4,5G$.

Ottawa a ajouté ensuite vouloir relancer le processus défaillant de consultation des Autochtones afin de pouvoir construire un nouveau pipeline capable de transporter trois fois plus de pétrole bitumineux (900 000 barils/jour) entre Edmonton et Vancouver. Investissement? 10G$.

Si le premier ministre Justin Trudeau a avancé que ce projet est écoresponsable puisqu’il permet d’obtenir l’adhésion de l’Alberta à son marché du carbone, Patrick Bonin, de Greenpeace Canada, déplore ce geste qui permettra «d’augmenter la production, le transport et l’exportation de pétrole sale». En termes d’incidence carbonique, cela équivaudrait à ajouter plus de trois millions de voitures sur les routes.

«Avec ces 14,5G$ de dépenses, le gouvernement pourrait acheter 13 953 bus électriques et électrifier, par exemple, la flotte des 30 plus grandes villes du Canada.» – Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada

Québec
En 2018, au Québec, il est encore possible de se faire élire premier ministre sans avoir de promesse environnementale dans son programme électoral.

Depuis qu’il a été élu, le gouvernement de François Legault a manifesté son intention d’ouvrir des sentiers du parc national du Mont-Tremblant aux motoneiges et s’est déclaré en faveur de la construction d’un gazoduc qui irait de l’ouest ontarien au Saguenay–Lac-Saint-Jean et d’une usine de production d’urée et de méthanol à Bécancour.

Christian Savard, le directeur général de l’organisme Vivre en Ville, souligne aussi que la Coalition avenir Québec (CAQ) a déjà promis 6 projets autoroutiers totalisant 73km et 5,5G$. Sachant que la CAQ veut investir autant dans le transport collectif que pour l’auto (contre une proportion de 30/70 actuellement), M. Savard se demande comment le gouvernement pourra trouver la marge financière nécessaire.

Les caquistes clament que les projets autoroutiers visent à diminuer la pollution liée à la congestion, mais M. Savard rétorque «qu’accroître la capacité routière exacerbe l’étalement urbain qui gruge les terres agricoles et entraîne à moyen terme une hausse équivalente des distances parcourues, en plus d’aggraver la congestion».

Ontario
L’un des premiers gestes de Doug Ford, récemment élu premier ministre de l’Ontario, aura été de retirer sa province de la bourse du carbone, à laquelle participent aussi le Québec et la Californie. Ce système permet de fixer des plafonds d’émissions aux gros pollueurs et de leur demander de diminuer leurs niveaux de pollution ou d’acheter des droits d’émissions.

Les sommes récupérées permettent actuellement à Québec d’injecter environ 600M$ par an dans des projets du Fonds vert.

«Le retrait de l’Ontario est une triste nouvelle et le gouvernement Ford pourrait se faire poursuivre à hauteur de 2G$, somme qui correspond aux droits d’émissions déjà achetés par des entreprises ontariennes.» – Steven Guilbeault, qui conseille désormais le fonds d’investissement Cycle Management Capital

Jusqu’ici, le retrait de l’Ontario n’a pas fait baisser la valeur des crédits compensatoires, comme cela avait été le cas lors de la contestation judiciaire de cette bourse en Californie, précise M. Guilbeault.

Montréal
Cette année, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a placé la barre plus haut en fixant comme objectif que la métropole devienne carboneutre d’ici 2050. Pourtant, la Ville ratera probablement sa cible intérimaire.

Si la diminution des gaz à effet de serre (GES) de Mont-réal est de -23% depuis 1990, la cible de Kyoto (-30% d’ici 2020) ne sera pas atteinte, car le bilan de Montréal stagne depuis quelques années. Même si des gains importants ont été enregistrés dans le secteur de l’habitation (-36% de GES depuis 1990), avec l’abandon du mazout, un quart de ces gains est annulé par la hausse de la motorisation des Montréalais (+19% depuis 1991).

En 2018, le règlement sur les sacs de plastique léger est entré en vigueur, et la Ville a augmenté sa superficie d’aires protégées ainsi que l’offre de transport collectif. Mais la construction des sites de compostage sur l’île, d’abord prévue en 2014, est encore reportée. Les camions, chargés d’enfouir les déchets des Montréalais à 70km de distance, continueront donc à parcourir près de 2 millions de kilomètres par an, au moins jusqu’en 2021.

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