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Des Roumains sont entrés illégalement au pays

OTTAWA – Quarante-cinq Roumains qui ont passé la frontière illégalement au Québec sont toujours recherchés par les autorités canadiennes, qui soupçonnent leur appartenance à un réseau de trafic humain.

Selon le ministre de l’Immigration Jason Kenney, 85 personnes au total seraient impliquées d’une quelconque façon dans ce réseau. Certains sont des passeurs clandestins, et les autres seraient ceux qui sont entrés frauduleusement au pays.

Les autorités ont localisé 40 Roumains, dont 30 ont été arrêtés.

Les 45 autres sont toujours en cavale.

Les 85 personnes identifiées — 50 adultes et 35 migrants de moins de 16 ans — seraient arrivés en cinq temps au cours de l’année 2012, entre février et octobre.

L’Agence des services frontaliers du Canada soupçonne toutefois qu’ils font partie du même réseau d’immigration clandestin.

Car elle affirme que ces 85 Roumains ont été identifiés soit par caméra lors de la traversée illégale à la frontière — effectuée en évitant les postes-frontière — ou lorsqu’ils ont formulé ultérieurement une demande de réfugié.

Plusieurs d’entre eux sont arrivés au pays après avoir contracté des dettes auprès de leurs passeurs clandestins, et ont ensuite entrepris des activités criminelles pour repayer l’argent dû, ont expliqué les autorités.

Douze de ces individus font d’ailleurs face à des accusations criminelles, affirme le ministre.

Les 85 personnes identifiées comme faisant partie du réseau clandestin sont d’abord arrivées par avion au Mexique et ont traversé les États-Unis avant de passer en cachette au Québec, à Stanstead, en Estrie, a indiqué le ministre Kenney.

C’est pourquoi il a tenu son point de presse mercredi matin dans cette ville.

Il a alors précisé que les cinq groupes de personnes ont été désignés comme des «arrivées irrégulières» en vertu des nouvelles dispositions de la Loi visant à protéger le système d’immigration du Canada.

M. Kenney a indiqué que selon les informations dont il dispose, aucun Canadien n’est impliqué dans le réseau. Les passeurs clandestins sont aussi des Roumains et comptent parmi les 85 personnes identifiées.

Il a refusé de confirmer s’il s’agissait de Roms, un groupe ethnique victime de discrimination en Europe. Le gouvernement canadien a récemment identifié ce groupe parmi ceux qui font des demandes injustifiées de statut de réfugié.

«Ces activités de trafic humain portent atteinte à la souveraineté du Canada et mettent en danger la vie de ceux qui tentent d’entrer au pays», a-t-il précisé lors du point de presse.

«Aujourd’hui, nous envoyons un message clair à ceux qui envisagent de solliciter les services de passeurs criminels pour entrer clandestinement au Canada : Ne le faites pas».

Cette désignation d’«arrivée irrégulière» — effectuée par le ministre de la Sécurité publique Vic Toews — permet d’appliquer des mesures plus sévères à ceux qui participent à des réseaux clandestins.

Le régime prévoit notamment des peines minimales et des amendes substantielles pour tous ceux qui sont condamnés en vertu de la loi.

C’est la première fois que le ministre de la Sécurité publique utilise son nouveau pouvoir de désignation.

«Les faits que j’ai évalués m’ont donné des motifs raisonnables de soupçonner que ces arrivées ont fait partie d’une opération de trafic humain…. pour le profit ou en association avec une organisation criminelle», a fait valoir le ministre Toews dans une déclaration.

Les personnes visées par le nouveau régime légal — adopté en juin dernier — ne pourront formuler une demande de résidence permanente pendant une période de cinq ans. Elles ne pourront pas non plus parrainer des membres de leur famille qui souhaitent les rejoindre au Canada.

La détention préventive s’applique de plus à toute personne arrivée depuis que la loi est en vigueur. Mais pas pour les moins de 16 ans, après que le gouvernement ait accepté de les exempter. Ces dispositions sur la détention ont d’ailleurs créé la controverse.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) dénonce depuis longtemps le manque de ressources et d’agents au poste-frontière de Stanstead.

Les événements rapportés par le ministre Kenney leur donne raison, disent les néo-démocrates.

«Premièrement nous, on n’est pas d’accord avec les mesures parce que là, on s’attaque aux gens qui demandent le statut d’immigrant ou de réfugié politique quand c’est le réseau de passeurs qui est le problème», a expliqué le néo-démocrate Jean Rousseau, qui représente la circonscription où se trouve Stanstead.

Le vrai problème est le manque de ressources, insiste-t-il.

Sa collègue Rosane Doré Lefebvre se réjouit toutefois que le ministre se soit déplacé à Stanstead, afin qu’il puisse se rendre compte lui-même des problèmes de ce bout de frontière.

Le ministre a d’ailleurs diffusé sur twitter une photo de lui posant sur un segment de la frontière canado-américaine «protégée par des pots de fleurs», a-t-il ironisé. Il a précisé que la frontière est difficile à sécuriser puisqu’elle traverse un village et même la bibliothèque, ou une ligne noire est tracée sur le plancher de bois.

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