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Fermetures d’églises: le diocèse de Saint-Jérôme recule

Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes/La Presse canadienne

MONTRÉAL — Les messes des Fêtes qui se sont déroulées dans les églises de St-Antoine et Sainte-Paule, au nord de Montréal, semblaient très spéciales cette année, étant donné qu’il y a quelques mois, on ne s’imaginait pas qu’elles auraient lieu.

Ces établissements religieux faisaient partie des quelque 30 églises qui allaient possiblement fermer leurs portes dans le cadre du plan provisoire du diocèse de Saint-Jérôme, qui envisageait de fermer plus de la moitié de ses 54 églises.

Mais devant le tollé suscité par cette décision, le diocèse a reculé et choisit une avenue différente: il laissera les congrégations se prononcer sur leurs propres églises.

L’évoque Raymond Poisson, qui a été appelé du diocèse voisin de Joliette pour aider à gérer ce dossier, souligne cependant que le constat demeure le même: il y a trop d’églises et pas assez de croyants.

Il a toutefois admis que le plan initial, de fermer unilatéralement les églises et de les vendre — sans consulter les membres — était une erreur. Ces établissements sont «remplis d’émotions», on «ne peut faire n’importe quoi» avec eux, a-t-il expliqué.

M. Poisson, qui a récemment complété une tournée des différentes paroisses du diocèse, a assuré qu’aucune église ne serait fermée sans le consentement de la congrégation.

En revanche, le diocèse demande à chaque paroisse d’effectuer des inspections et des estimations de réparations pour chaque église, ainsi que des rapports sur l’assistance et les finances.

Ces rapports seront partagés dans la communauté, qui décidera si l’église doit être fermée, fusionnée avec un autre établissement ou s’il est possible d’élaborer un plan pour qu’elle reste ouverte.

Bien qu’il semble peu probable qu’une congrégation choisisse de fermer sa propre église, M. Poisson croit que la communauté sera plus ouverte à prendre cette décision difficile si elle obtient les données adéquates.

Or, selon lui, l’argent ne sera pas le seul facteur, puisqu’une église n’est pas une entreprise, mais bien une famille. Et parfois, par amour, on prend une décision qui semble étrange sur le moment, a-t-il illustré.

Une prise de conscience
Les rumeurs de fermetures ont profondément bouleversé des congrégations, qui ont vu la participation aux messes décliner et les dons chuter de 25% par endroits.

Mais elles ont aussi eu un effet positif: les congrégations et les communautés locales se sont unies pour trouver des solutions.

Gauthier Elleme, le prêtre des églises St-Antoine et Sainte-Paule, croit que la nouvelle a provoqué une sorte de prise de conscience chez les paroissiens.

«Les paroissiens étaient sous le choc parce qu’ils voyaient que les églises allaient fermer, mais en même temps il comprenait qu’il y avait un problème», a-t-il soutenu en entrevue.

M. Elleme affirme que les églises tentent de trouver des moyens de hausser leurs revenus, notamment en louant des salles et en formant plus de partenariats avec les organisations communautaires.

Mais l’entretien des églises est dispendieux et certaines congrégations devront collecter des dizaines de milliers et même des centaines de milliers de dollars pour effectuer des rénovations qui sont reportées depuis trop longtemps.

De l’espoir pour l’avenir
M. Elleme et les autres prêtres demandent aux croyants de s’impliquer aussi pour amener de nouveaux membres dans l’Église. Il a reconnu qu’il sera difficile de renverser la baisse de popularité de l’église, mais il voit malgré tout des signes d’espoir.

Alors que l’église tente de se sortir d’un «trou noir», M. Elleme dit remarquer la présence accrue de jeunes croyants.

Et le prêtre de 36 ans a plusieurs idées pour tenter de les rejoindre, notamment de «redynamiser» la musique traditionnelle de l’église et de modifier les sermons qui insistent sur l’amour et la joie, plutôt que sur les interdits et les péchés.

Il concède que les congrégations n’auront jamais autant de membres que par le passé, mais c’est peut-être mieux ainsi, selon lui.

«On n’aura plus des églises pleines, mais on aura de bonnes églises parce que les gens vont devoir choisir la foi. Ce seront des gens qui auront fait un choix, pas qui auront subi à cause d’une pression sociale. Moi, comme prêtre, je préfère plus ça», a-t-il expliqué.

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