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Immigration: Scheer promet plus d’autonomie au Québec s’il est élu

Giuseppe Valiante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Le chef conservateur Andrew Scheer a promis lundi d’accorder plus d’autonomie au Québec sur l’enjeu de l’immigration s’il est élu premier ministre en octobre prochain. Mais il n’a pas voulu dire s’il était d’accord que la province détermine elle-même le nombre d’immigrants qu’elle reçoit chaque année.

Le premier ministre François Legault a fait campagne sur l’engagement de réduire temporairement le nombre d’immigrants accueillis au Québec, à compter de cette année. Alors que l’année est bien entamée, le premier ministre canadien Justin Trudeau — un fervent défenseur de l’immigration — n’a toutefois pas dit si les libéraux comptaient aider M. Legault à atteindre son objectif.

M. Trudeau a affirmé qu’il était prêt à poursuivre ses échanges avec son homologue québécois sur ses demandes en matière d’immigration, mais il a rappelé que sa priorité était de s’assurer qu’il y avait assez de travailleurs au Québec pour combler le manque de main-d’oeuvre.

De passage à Montréal, au terme d’une consultation d’un mois visant à séduire l’électorat québécois, M. Scheer a promis de «s’assurer que le Québec ait plus d’autonomie» en immigration.

«M. Trudeau avait des mois pour faire quelque chose sur (l’immigration) et ce que je dis, c’est qu’en octobre, quand je vais m’asseoir avec M. Legault, nous arriverons à des actions, et pas juste des mots, et pas juste des rencontres par souci de tenir des rencontres», a-t-il expliqué aux journalistes.

François Legault s’inquiète du nombre d’immigrants qui n’apprennent pas le français ou qui quittent rapidement la province. Le premier ministre, élu le 1er octobre dernier, veut diminuer les seuils d’immigration pour s’attaquer à ces enjeux.

Un enjeu délicat au Québec

L’immigration est un sujet sensible au Québec depuis 2017, dans le contexte de l’entrée de façon irrégulière dans la province d’une vague de migrants depuis les États-Unis. L’an dernier seulement, 18 518 sur 19 419 — ou 95 pour cent — des interventions de la Gendarmerie royale canadienne (GRC) pour des traversées irrégulières s’étaient produites au Québec.

M. Scheer croit que les inquiétudes des Canadiens sur l’immigration «proviennent du fait que ce gouvernement a complètement perdu le contrôle sur le dossier de l’immigration».

«Regardez la situation au Québec, où plus de 30 000 personnes sont entrées illégalement et le gouvernement — Justin Trudeau — n’a littéralement rien fait pour arrêter cela.»

Le Québec a la mainmise sur environ 70 pour cent des immigrants qui s’installent dans la province chaque année — ceux-ci appartiennent à la catégorie des immigrants économiques. Les 30 pour cent restants arrivent par l’entremise de la réunification familiale, ou en tant que réfugiés — deux catégories sous le contrôle du gouvernement fédéral.

François Legault espère réduire de 20 pour cent les immigrants dans toutes les catégories.

Andrew Scheer a refusé de dire si le Québec devrait être responsable des trois catégories d’immigrants. «Je crois qu’on doit avoir la bonne approche… On ne doit pas avoir un parti et un niveau qui ordonne à l’autre. On travaille ensemble en collaboration, en tenant compte que le Québec a des défis particuliers et des besoins particuliers», a-t-il expliqué.

De l’électoralisme, selon les libéraux

Des ministres du gouvernement Trudeau ont été appelés à commenter la proposition des conservateurs à la sortie du caucus libéral.

«Quand vous me parlez d’immigration, moi je vous parle de pénurie de main d’oeuvre au Québec qui se fait sentir», a indiqué le ministre des Infrastructures, François-Philippe Champagne.

«On est en mode solution, pas en mode élection. C’est ça, la grande différence», a-t-il ajouté.

«Il faut voir ce qu’il y a sur la table, de façon très concrète, puis il faut comparer ça aux défis, qui existent, qui sont réels, aussi de pénurie de main-d’oeuvre», a renchéri son collègue du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez.

Campagne de séduction au Québec

Les conservateurs espèrent faire une percée au Québec avec les problèmes qui ont accablé le Bloc québécois. Le parti souverainiste, qui auparavant dominait dans la province, n’a que dix députés. La semaine dernière, le parti a élu par acclamation le chef Yves-François Blanchet.

L’an dernier, M. Scheer a écrit une lettre ouverte aux Québécois dans le quotidien «La Presse» pour inviter les citoyens exaspérés de «l’incompétence» de Justin Trudeau et des «crises existentielles» du Bloc québécois de voter pour son parti.

Selon un employé, M. Scheer suit des cours de français et en conférence de presse, lundi, il semblait être plus à l’aise avec la langue de Molière.

Le chef conservateur a aussi promis qu’il accepterait la demande de François Legault d’avoir un seul rapport d’impôts qui pourrait être géré par le gouvernement provincial.

M. Scheer s’est également engagé à «offrir des incitatifs» à des retraités qui voudraient revenir sur le marché du travail, afin d’atténuer le problème de pénurie de main-d’oeuvre.

Il a aussi l’intention d’investir dans les infrastructures pour éviter que des eaux usées ne soient déversées dans le fleuve Saint-Laurent et de nommer un ministre responsable du développement économique dans la province.

Plus tard dans la journée, Andrew Scheer devait participer à un événement au bureau de campagne de sa candidate, Jasmine Louras, qui tente de prendre le siège de l’ancien chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, en vue de l’élection partielle dans Outremont, qui se tiendra le 25 février.

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