Des employés de la SQDC seront congédiés à cause de leur âge, dit le SCFP
MONTRÉAL — Une quinzaine d’employés de la Société québécoise du cannabis risquent de perdre leur emploi, parce qu’ils n’ont pas 21 ans, lorsque le projet de loi qui hausse à 21 ans l’âge légal pour acheter et accéder à un point de vente du cannabis aura été adopté.
La SQDC a confirmé l’information à La Presse canadienne, jeudi, en précisant que trois de ces 15 employés étaient permanents, les 12 autres à temps partiel.
C’est le Syndicat canadien de la fonction publique, affilié à la FTQ, qui a sonné l’alarme à ce sujet, lui qui a déposé une requête globale pour représenter les salariés de plusieurs succursales de la SQDC. Selon le SCFP, entre 20 et 25 travailleurs âgés de 18, 19 et 20 ans pourraient être touchés sur 190.
Il s’agirait là d’une répercussion du projet de loi déposé par le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, qui prévoit hausser à 21 ans l’âge minimal requis pour acheter du cannabis, en posséder et accéder à un point de vente de cannabis.
Outré, le SCFP a adressé une lettre à la direction des ressources humaines de la SQDC, après que de jeunes employés eurent été rencontrés par la direction et informés de la situation précaire dans laquelle ils se trouvaient à cause du projet de loi.
«Vous n’êtes pas sans savoir qu’à compter du dépôt d’une requête en accréditation, conformément au Code du travail, l’employeur ne peut modifier les conditions de travail sans le consentement écrit de l’association requérante», écrit le syndicat, dans la lettre obtenue par La Presse canadienne.
Mathieu Dumont, coordonnateur du service de la syndicalisation au SCFP, a souligné en entrevue la contradiction qui existe entre la situation à la SQDC et celle qui prévaut dans les dépanneurs, où l’on vend bière, vin et cigarettes, alors que des employés de 16 et 17 ans peuvent y travailler sans avoir le droit d’en acheter.
«Pour nous, ça constitue vraiment quelque chose de discriminatoire. On sait très bien que quelqu’un peut vendre de l’alcool dans un dépanneur à l’âge de 16 ans, même s’il n’a pas le droit d’en consommer. Alors on trouve que c’est une vision un peu abusive du projet de loi qui a été faite par la direction de la SQDC», a critiqué M. Dumont.
Pas encore, dit la SQDC
À la SQDC, le porte-parole Fabrice Giguère a précisé que «présentement, il n’y a pas eu de congédiement» encore.
«Par contre, évidemment on a rencontré les employés qui sont dans cette situation-là pour les sensibiliser au fait qu’il y a un projet de loi, présentement, qui est déposé à l’Assemblée nationale, le projet de loi 2, et que ce projet de loi contient une provision interdisant l’accès à des gens âgés de moins de 21 ans», a-t-il souligné.
Mais M. Giguère a été bien clair: «nous, lorsque les lois sont adoptées, on les met en vigueur».
Quand on lui a souligné que le SCFP trouvait son interprétation de la loi abusive, comparativement à la situation qui prévaut dans les dépanneurs avec des employés de 16 et 17 ans, il s’en est remis au ministère. «Tout ce qui est interprétation de la loi, je vais vous rediriger vers le bureau du ministère de la Santé, parce que nous, nous somme le détaillant.»
Carmant: pour la santé des jeunes
À Québec, le ministre Carmant a été interrogé sur la situation par le débuté Alexandre Leduc, de Québec solidaire.
«Le but dans tout ça, ce n’est pas de faire perdre des emplois aux gens. Le but dans tout ça, c’est de prévenir la santé de nos jeunes. Je ne peux pas vous le répéter assez souvent que le cannabis, c’est quelque chose de toxique, c’est quelque chose qu’on veut retarder l’usage chez nos jeunes», a répondu le ministre.
Il a fait référence aux employés qui seraient effectivement touchés parce qu’ils n’ont pas encore 21 ans. «Ces employés ont été mis au courant lors de ma visite avec le président de la SQDC et on espère qu’ils vont pouvoir se replacer le plus rapidement possible», a ajouté le ministre Carmant.
Le député Leduc a rappelé que le gouvernement Legault s’était fait élire en promettant de créer des emplois, pas d’en provoquer la perte. Et il a souligné que «des sommes importantes ont été investies pour former ces employés».
M. Dumont, du SCFP, envisage aussi des plaintes à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, en invoquant la discrimination en fonction de l’âge. Bien que les plaintes soient faites sur une base individuelle, «nous, on va les aider à bâtir la plainte», a-t-il assuré.