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Le FRAPRU s’indigne face à la situation des femmes locataires au Québec

Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, et Céline Magontier, responsable des dossiers Femmes au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Photo: Pablo Ortiz

À l’aube de la Journée internationale des droits des femmes, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) lance son cinquième dossier noir «Femmes, logements et pauvreté», dénonçant les problèmes de logements touchant les femmes locataires.

«La situation des femmes n’est pas belle à voir, s’est désolée dimanche matin la responsable des dossiers Femmes au FRAPRU, Céline Magontier. Elles sont dans un état de grande pauvreté, trop nombreuses à payer des parts démesurées de leur revenu pour se loger, vivant de la discrimination, vivant dans des logements de taille insuffisante.»

Se basant sur les données du recensement de 2016, le FRAPRU fait état des injustices vécues par les femmes quand vient le temps de trouver un logement.

Selon les chiffres, les femmes ont un revenu annuel de 6078$ de moins qu’un ménage sous la responsabilité d’un homme. D’ailleurs, ces dernières sont responsables de plus de la moitié des ménages locataires.

Les femmes (248 485) sont aussi plus nombreuses à devoir débourser plus de 30% de leur revenu pour le loyer que les hommes (208 855).

«Quand on regarde de plus près, les familles locataires, principalement celles avec de plus faibles revenus, vont vivre plus de discrimination, notamment en raison de la présence d’enfants. La situation s’aggrave lorsqu’il s’agit de familles monoparentales», a décrit Mme Magontier.

80% des ménages monoparentaux sont sous la responsabilité d’une femme.

Victimes de violence conjugale
La porte-parole du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violences conjugales, Louise Riendeau, craint que la crise du logement de 2003 ne se répète. Une nouvelle crise aurait des conséquences sur les maisons d’hébergement.

À l’époque, les femmes avaient de la difficulté à se trouver un logement et leur séjour dans les maisons passait de six à huit semaines à deux à trois mois.

«Les maisons devaient refuser des femmes, car les places étaient prises par celles qui ne pouvaient pas partir, ne trouvant pas de logement. Les refus ont augmenté de près de 50%», a évoqué Mme Riendeau.

Elle mentionne que la question de la sécurité financière joue un rôle important, tellement que certaines femmes retournaient à la violence plutôt que de vivre dans la pauvreté et la précarité.

Également présente, Manon Monastesse, directrice de la Fédération des maisons d’hébergement pour femmes, a décrit la situation comme étant «extrêmement préoccupante».

«Les gouvernements doivent faire en sorte qu’on puisse répondre adéquatement aux besoins des femmes victimes de violence, mais aussi de toutes les femmes en général», a-t-elle soutenu.

Une seule solution
Les trois regroupements sont d’avis que la seule solution d’éviter cette pénurie est de financer 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans.

Jointe par courriel, l’attachée de presse au cabinet de la ministre Andrée Laforest, Bénédicte Trottier-Lavoie, a réitéré l’engagement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de débloquer les unités AccèsLogis «coincées dans la machine».

«La priorité pour notre ministère est de débloquer ces unités coincées dans la machine. D’ailleurs, dans le programme AccèsLogis, nous retrouvons des centres spécialement conçus pour les femmes victimes de violence conjugale», a-t-elle mentionné.

Actuellement, on compte un peu plus de 144 000 logements sociaux au Québec.

«Dans ce contexte de pénurie, de besoins si grands, les gouvernements ne peuvent rester sourds à nos demandes», a jugé Mme Magontier.

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