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Logement: le RCLALQ somme Québec de créer «un plan d’urgence» contre la discrimination

Photo: Josie Desmarais/Métro

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) a dévoilé jeudi les résultats d’une enquête dénonçant les situations de discrimination auxquelles plusieurs locataires doivent faire face dans la province. Il demande «un réel plan d’urgence» à l’approche de la date butoir du 1er juillet.

«Nous voulons montrer la discrimination que vivent les ménages locataires du Québec en 2019, a déploré la porte-parole du RCLALQ, Marjolaine Deneault. Il existe tellement peu de moyens pour punir les propriétaires délinquants qu’ils n’osent même pas se cacher et tiennent des propos discriminatoires directement dans les annonces de logements à louer.»

Le RCLALQ s’est penché sur la question en menant une enquête en deux volets ; d’une part, en épluchant des centaines d’annonces de logement sur le site Kijiji, en recensant plusieurs qui illustrent différentes formes de discrimination, puis, en lançant un appel public dans divers groupes de recherches de logement pour recueillir des témoignages.

Dans les deux cas, le regroupement a remarqué que plusieurs ménages locataires se voient refuser la location d’un logement pour des motifs discriminatoires, ce qui est illégal en vertu de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, a souligné Mme Deneault.

«Les propriétaires ont le beau jeu, car il n’y a pas de conséquences.» -Marjolaine Deneault, porte-parole du RCLALQ

Les critères de discrimination sont larges, allant de l’âge au sexe, en passant par le pays d’origine et l’état civil, ainsi que la présence d’enfants, qui est le motif qui est ressorti le plus souvent de l’enquête du RCLALQ.

Dans certains cas, il arrive même que certaines personnes soient victimes de double discrimination, dont Hind Fazizi, qui a indiqué que bien que ce soit difficile à prouver, elle a senti qu’elle n’était pas «le premier choix des propriétaires», principalement à cause de «son statut d’étudiante et de son nom de famille».

Mme Fazizi a raconté que depuis cinq ans, elle n’arrive même pas à réserver une visite de logement, alors qu’à chaque fois, ses colocataires, eux, ont pu réussir.

«Je sais que ce n’est pas juste ce qui m’arrive. Je devrais pouvoir être capable de louer un appartement seule. Et le système judiciaire est tellement lourd que je n’ai pas envie de passer par là», s’est-elle désolée.

C’est d’ailleurs l’un des principaux arguments du RCLALQ, qui mentionne que plusieurs gens n’osent pas porter plainte et que ceux qui le font voient rarement des résultats.

C’est pourquoi le regroupement réclame auprès de la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, une réforme de la Régie du logement, afin que celle-ci ait pleine juridiction sur l’ensemble du processus de location pour enrayer les problèmes de discrimination.

«On veut qu’il y ait des dommages punitifs plus élevés quand il y a de la discrimination», a souligné Mme Deneault.

Du côté du cabinet de la ministre Laforest, bien qu’on rappelle qu’il est «interdit pour un propriétaire de discriminer l’un de ses locataires en cours de bail», on explique qu’avant la signature d’un bail, la discrimination à laquelle pourrait faire face une personne à la recherche d’un logement relève de la Commission des droits de la personne.

«C’est la Commission qui est mandatée pour intervenir dans de tels cas», a expliqué l’attachée de presse du cabinet de la ministre Laforest, Bénédicte Trottier-Lavoie.

Le RCLALQ réclame d’ailleurs également à la Commission de disposer de «plus de moyens pour agir rapidement lorsque des locataires se voient refuser la location d’un logement pour des motifs discriminatoires».

Avec la pénurie de logements touchant le Québec, le RCLALQ demande à la ministre de mettre sur pied des mesures «urgentes» afin d’éviter que des locataires se retrouvent dans la rue le 1er juillet prochain.

«On ne peut pas revivre la situation du début des années 2000», a martelé Mme Deneault.

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