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La diversité à l’ère de Justin Trudeau

Justin Trudeau s'est excusé pour les blackfaces et brownfaces révélés par les médias. Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne

Avec des slogans comme «la diversité c’est notre force», des souhaits pour le ramadan et des tweets accueillant les réfugiés, Justin Trudeau a longtemps été vu comme ouvert au multiculturalisme. Les incidents de blackfaces et de brownfaces révélés récemment viennent entacher l’image du chef du Parti libéral. Sa vision de la diversité est-elle expirée? Métro en a discuté avec des experts.

Une diversité démodée

L’historienne Wendy Fletcher spécialisée dans les questions raciales estime que la vision de Justin Trudeau sur la diversité est limitée, car elle favorise la tolérance au détriment de la cohésion sociale.

« L’idée du multiculturalisme c’est d’accepter la diversité. Mais accepter la diversité ça veut dire que je vous laisse vous asseoir à ma table, mais pas que je ne vous laisse changer ce que j’y mange .»

«Il ne s’agit pas seulement de faire de la place aux personnes racisées, il s’agit aussi de comprendre que tous ceux qui font partie de notre société canadienne ont une place et une voix égale.» – Wendy Fletcher, co-auteure de Space for Race: Decoding Issues of Race, Belonging and Multi-Culturalism in Canada and Beyond”

La professeure Ozlem Sensoy de l’Institut Simon-Fraser pense pour sa part que l’inclusion de Justin Trudeau ne suffit pas à l’heure actuelle. Elle estime qu’il doit travailler de manière plus active pour défaire le système qui désavantage les autochtones et les minorités visibles.

Même son de cloche pour l’avocate et stratège en diversité Shahad Salman. «On a toujours opté pour une folklorisation des autres cultures, parce qu’on croit que c’est la bonne façon de mettre en avant la diversité canadienne. Je crois que nous avons dépassé ce stade», défend-t-elle. Cette vision de la diversite ne s’accorde pas avec les attentes de la deuxième génération d’immigrants, selon elle.

Me Salman reconnait toutefois que les efforts de Justin Trudeau en matière de diversité ont été importants pour le Canada. Elle rappelle que le gouvernement libéral a adopté une stratégie antiraciste et a alloué des subventions de Patrimoine Canada pour répondre aux enjeux de diversité et de racisme.
Malgré tout, elle rapelle que beaucoup reste à faire dans ce domaine. « Les chiffres parlent d’eux mêmes » avance-t-elle.

Jack Jedwab de l’Institut Canadien pour les identités et les migrations (ICIM), estime que «[le message de M. Trudeau] est meilleur que celui qu’on nous envoie avec la loi 21.» Ajoutant qu’il faut mettre les critiques à sa vision de la diversité en perspective. 

Il rappelle que la politique multiculturelle du Parti libéral a beaucoup évolué depuis qu’elle a été instaurée en 1971. 

Racisme et incompréhension

Mais comment comprendre les événements révélés la semaine dernière ? La professeure Ozlem Sensoy, qui se spécialise en éducation à la justice sociale, explique que la difficulté réside dans notre compréhension binaire du racisme permettant de juger les personnes comme étant bonnes ou mauvaises. Selon elle, cette vision réductrice du racisme associé seulement à un discours hostile envers les personnes racialisées occulte les autres formes de racisme qui sont systémiques et plus subtiles.

« L’autre problème avec cette définition binaire du racisme est qu’elle ne permet pas de comprendre qu’on peut avoir un comportement raciste sans être une mauvaise personne », ajoute-t-elle.

Elle espère que cet événement permettra au premier ministre et aux canadiens de mieux comprendre le racisme et ses différentes manifestations.

 

 

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