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Ce conformisme qui étouffe

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En 1970, l’historien américain Howard Zinn prononçait un discours dans lequel il soutenait que la désobéissance civile n’est pas un problème dans une société.

Notre problème, disait-il, c’est plutôt «l’obéissance civile». Il rappelait que dans notre monde, tout est fait pour que nous admettions comme naturelles la pauvreté, les inégalités, la guerre, la misère. Zinn disait qu’en société nous sommes avant tout dressés à la passivité. 

Depuis des années, les militants écologistes s’époumonent à crier qu’on en fait trop peu quant à la dégradation générale de l’environnement. Au Québec seulement, il faut voir avec quelle légèreté le gouvernement traite l’enjeu. Cela va du plomb dans l’eau potable aux coupes forestières, en passant par la disparition d’animaux comme le caribou forestier.  

On laisse presque tout passer au profit de l’argent.  

Mais quand des militants du mouvement Extinction Rebellion escaladent le pont Jacques-Cartier pour dénoncer la situation, les tenants du statu quo crient que ça dépasse les bornes! 

À ces militants, ils collent avec empressement des épithètes injurieux. Ce sont des «dangereux», des «irresponsables», des «égoïstes». Leurs gestes seraient «contreproductifs». On va même jusqu’à dire qu’ils prennent la population en otage. Rien de moins.  

Cette stratégie du discrédit est employée à l’excès. Il est dans l’intérêt des piliers de l’ordre établi de continuer d’ignorer ou de minimiser l’urgence climatique, tout en faisant mine, pour la forme, de s’en préoccuper. 

En réalité, ils font encore la sourde oreille aux sonnettes d’alarme que lancent à répétition les scientifiques.  

D’une élection à l’autre, les affiches affirment pourtant que l’heure est au changement. Mais dans les faits, qu’est-ce qui change? 

Pas grand-chose, vous en conviendrez. 

Pour secouer et balayer cette hypocrisie qui nous maintient derrière un écran de fumée, l’action des militants d’Extinction Rebellion apparaît presque trop douce. 

Si la désobéissance civile et l’action directe sont des outils qui continuent d’être utilisés dans les mouvements sociaux, c’est parce qu’ils ont fait leurs preuves. Des batailles qu’ont menées les suffragettes au mouvement des droits civiques des Noirs américains, en passant par les luttes des ouvriers ou celles des étudiants, on sait très bien que, malgré ce qu’on nous répète, de telles actions contribuent à faire bouger les choses.

«Si la désobéissance civile et l’action directe sont des outils qui continuent d’être utilisés dans les mouvements sociaux, c’est parce qu’ils ont fait leurs preuves.»

La marche qui a rassemblé 500 000 personnes le 27 septembre a été utile dans la mesure où elle appuie la création d’un nouveau rapport de force face au pouvoir, mais elle n’est, bien sûr, pas suffisante. La pression doit être maintenue de plusieurs façons, comme l’action d’Extinction Rebellion, qui aura réussi à troubler quelque peu l’inertie. 

Le Québec jouit d’une histoire jalonnée d’épisodes courageux, avant-gardistes, révolutionnaires. Cette histoire constitue un réservoir de courage dans lequel il ne faut pas hésiter à plonger. Le vent écologiste qui souffle en ce moment devrait nous rendre fiers et nous encourager à lutter contre la passivité et le conformisme qui étouffent notre avenir. 

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