Groupe Capitale Médias: Québec appuie le modèle de coopérative d’employés
Le gouvernement Legault appuie le modèle de «coopérative formée par les employés» pour relancer les six quotidiens du Groupe Capitale Médias (GCM), qui s’était placé sous la protection de la Loi sur la faillite en août dernier. Le comité derrière le projet a déjà recueilli plusieurs millions de dollars.
«Il faut comprendre que l’offre qui sera déposée demain par la coopérative est sujette à des conditions de financement, a toutefois prévenu le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, lors d’une mêlée de presse. Il est possible qu’il n’y ait pas de transaction. C’est important de le mentionner.»
Craintes pour le régime de retraite
Si la décision du gouvernement est majeure dans ce dossier, c’est un juge de la Cour supérieure qui devra toutefois trancher. Le syndic Christian Bourque, de PriceWaterhouseCoopers, lui en fera officiellement la proposition en salle de cour mercredi.
Mardi, le Mouvement Desjardins s’est retiré du projet de coopérative, alors que le Fonds de solidarité FTQ a remis en doute sa participation.
Les deux offres qu’a reçues le gouvernement demandaient la «fin du régime de retraites actuel», a assuré M. Fitzgibbon. Les coûts de charge de la retraite étaient «impossibles» à assumer pour les deux parties prenantes, selon lui. Métro Média, propriétaire du Journal Métro, avait aussi signalé son intérêt d’acquérir GCM.
«Je suis très déçu. […] Il y a des discussions avec Retraite Québec. C’est possible que des employés puissent vouloir gérer leurs fonds capitalisés. Il y a des mesures qu’on va devoir regarder.» -Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon
Le premier ministre, François Legault, a précisé que son gouvernement était malgré tout «encore en train d’étudier les offres, qui évoluent». «Notre intention dans un monde idéal, c’est de ne pas ajouter [de financement]. Mais on tient à ce que les journaux continuent d’être publiés, à ce que les journalistes gardent leurs emplois», a-t-il insisté.
«On suit le dossier, mais pour l’instant, il n’y a pas de décisions finales. Dès qu’il y en aura une, on va vous assurer du montage financier de l’organisation», a-t-il insisté. Le gouvernement provincial, qui a versé près de 15 M$ en prêts à Groupe Capitale Médias, demeure le principal créancier de l’entreprise. Environ 350 emplois seraient en jeu chez GCM.
Entrevue avec Patrick White, journaliste et professeur à l’UQAM
D’importants défis
Se disant en accord avec le choix du gouvernement, les partis de l’opposition, eux, se sont toutefois inquiétés pour l’avenir financier des retraités du Groupe Capitale Médias.
«On ne peut pas laisser tomber des personnes retraitées qui, du jour au lendemain, se voient enlever et amputer 30% de leurs rentes.» -La députée libérale de Verdun, Isabelle Melançon
Même son de cloche pour la solidaire Catherine Dorion, pour qui il faudra assurément «penser à quelque chose» pour les retraités de GCM. «Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas vraiment été favorisés par le passé avec Power Corporation», a-t-elle illustré.
Le chef parlementaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, a aussi convenu de la nécessité de «trouver un moyen» pour que la retraite des employés corresponde bien à celle qui était «prévue».
Encore beaucoup de travail
Le journaliste au journal Le Soleil et membre du comité provisoire de la coopérative, Jean-François Néron, s’est dit mardi «très satisfait» par la sortie du ministre Fitzgibbon.
«Ça nous donne une tape dans le dos et nous dit non seulement que le gouvernement croit dans le modèle qu’on propose, mais aussi qu’il apparaît pérenne pour chacun des six journaux», avance-t-il en entrevue à Métro.
Reconnaissant que l’enjeu des rentes de retraite est «très inquiétant pour les retraités et les travailleurs actifs», M. Néron affirme que «ce sera aux anciens propriétaires» de trouver des moyens de les compenser.
Si le juge tranche en faveur du projet de coopérative, mercredi, le «gros du travail» va commencer, insiste le journaliste. «Il va falloir procéder à la création de coopératives dans chaque journal. Le modèle fédéré va offrir des services communs, donc il faut aussi des assemblées, constituer un système de gouvernance. Il y a encore beaucoup de boulot», a-t-il insisté.