BAPE: la commission d’enquête sur l’amiante s’amorcera dès décembre à Asbestos
Environ un mois après avoir reçu le mandat de mener une commission d’enquête sur l’utilisation de l’amiante au Québec, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) donnera le coup de départ à ces consultations dès décembre.
Les premières rencontres avec divers ministères provinciaux auront lieu à Asbestos, puis à Thetford Mines. Chacun des organes aura l’occasion de déposer un rapport sur la situation de l’amiante au Québec avant de recevoir les questions du public. Une deuxième séance d’audiences publiques se tiendra en février.
Diverses rencontres sectorielles sont également prévues avec des intervenants du milieu. Le BAPE a l’obligation de déposer son rapport final au plus tard le 24 juillet 2020, soit huit mois après la réception de son mandat.
Mandat large
En octobre, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, ainsi que la ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, ont mandaté l’organisme indépendant de mener une enquête «générique» sur ce produit nocif.
Québec souhaite ainsi «éclairer» ses décisions à venir pour tout projet comprenant ce matériau controversé. En plus de «dresser un portrait» de l’utilisation de l’amiante aujourd’hui, le BAPE devra également développer un «cadre de valorisation des résidus miniers amiantés».
«Autour de Thetford Mines et d’Asbestos, il y a de grosses montagnes de résidus. Le mandat, c’est aussi de savoir ce qu’on fait avec ça», explique à Métro le conseiller aux communications du BAPE Alexandre Corcoran-Tardif.
Le conseiller scientifique à l’Association des victimes de l’amiante du Québec (AVAQ), Norman King, se dit satisfait de ce mandat. «Dans le meilleur des mondes, on pourrait trouver une façon sécuritaire de se débarrasser de ces déchets-là. C’est inacceptable que les gens doivent encore vivre avec ces résidus», constate-t-il.
Pour la suite
La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) note une hausse constante du nombre de décès dûs à ce produit dans les dernières années. Longtemps exploitée dans la province, l’amiante aurait causé 94 morts en 2014, un chiffre qui a grimpé jusqu’à 135 en 2017.
Le BAPE espère qu’un nombre important de gens se prononceront durant la consultation, qui touchera un «sujet unique». «On invite le plus de gens possible», affirme Alexandre Corcoran-Tardif.
«On espère que l’impact va être important et positif. Mais comme c’est le Conseil des ministres qui prend la décision finale, ça ne nous appartient pas», ajoute-t-il.
Norman King souhaite pour sa part une «analyse des plus rigoureuses». La question de la norme d’exposition des travailleurs à l’amiante sera primordiale, selon lui.
«C’est une priorité, soutient-il. Les maladies en lien avec l’amiante sont extrêmement grave. En ce moment, on n’est pas en mesure d’identifier un seuil sécuritaire.»