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Protection des milieux naturels: Québec «doit s’engager» à accélérer le rythme

Une berge du Parc-nature du Cap-Saint-Jacques, qui fera partie du Grand Parc de l'Ouest.
Une berge du parc-nature du Cap-Saint-Jacques. Photo: Josie Desmarais/Métro

Alors que Québec doit présenter en mars son budget 2020-2021, Conservation de la nature Canada (CNC) somme le gouvernement Legault de s’engager fermement à accélérer le rythme de protection des milieux naturels. Si 480 kilomètres carrés, soit environ la taille de l’île de Montréal, ont jusqu’ici été préservés par l’organisme, la crise climatique appelle à en faire plus, selon ses membres.

«Il faut que le gouvernement s’engage de façon très vigoureuse, que ce soit historique en termes d’ampleur de montants investis», explique à Métro le porte-parole de CNC au Québec, Joël Bonin.

Aujourd’hui, à Montréal, l’organisme tiendra en début de soirée un colloque rassemblant plusieurs cadres et représentants provenant d’un peu partout au pays. Des experts et des écologistes se joindront aussi à l’événement, qui aura lieu dans l’édifice de Retraite Québec, au centre-ville.

M. Bonin entend plaider que la mise en péril des aires naturelles nécessite de sérieuses mesures de préservation. «Actuellement, le rythme de pertes des milieux est beaucoup plus grand que ce qu’on réussit à protéger au Québec. L’étalement urbain et l’expansion de nos activités humaines transforment le territoire, sans qu’on s’en aperçoive quotidiennement», mentionne-t-il.

«Le rythme de la transformation est effarant, et il n’a pas cessé de croître depuis plusieurs années. L’emprise des routes et de la construction sur le territoire est sans cesse grandissante.» -Joël Bonin, porte-parole de CNC au Québec

Montréal et ses milieux naturels

Au-delà des hausses des investissements, les gouvernements doivent aussi être «plus flexibles» quant à la manière d’atteindre ses cibles de conservation des milieux naturels.

«Faire des petits espaces naturels protégés ou des réserves écologiques, c’est bien. Mais il faudrait commencer à penser à faire des grands espaces qui seront utilisés par la population. Il faut que nos terres forestières demeurent actives, et non converties en zones de construction de chalets. Ça se fait en favorisant le maintien de cette vocation, autant au privé qu’au public», martèle Joël Bonin.

En août, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, annonçait son intention de créer un grand parc de 3200 hectares dans l’ouest de l’île. Le projet doit avoir, lorsqu’il sera terminé, une superficie totale équivalente à huit fois celle de Central Park. Il pourrait devenir le plus grand parc urbain du pays. «C’est le plus important geste de création d’un parc depuis le Mont-Royal, il y a 150 ans», avait-elle déclaré.

Ce genre d’initiatives, il en faut plus, d’après Conservation de la nature Canada. «C’est enivrant et c’est stimulant. On va être plusieurs millions de personnes à bénéficier de ces investissements-là. Et on voit que la réponse de la société civile est positive, qu’il y a un désir de faire plus, dans un esprit de gré à gré et de consultation», ajoute Joël Bonin.

Son groupe cédera d’ailleurs plusieurs de ses terrains à la Ville de Montréal dans le cadre du projet de Grand parc de l’Ouest.

Des partenariats, des recherches

Pour accélérer la cadence de protection des milieux, l’organisme favorise aussi la mise sur pied de partenariats public-privé, une recette qui s’est révélée être une réussite à plusieurs reprises par le passé. «Quand un entrepreneur investit pour protéger un secteur, et que le gouvernement double la mise, on voit une vraie différence. C’est ce qu’on propose au provincial», dit le porte-parole.

«On ne veut pas que le gouvernement fasse des expropriations déguisées ou brime le droit des propriétaires, mais plutôt qu’il collabore avec eux.» -Joël Bonin, porte-parole de CNC au Québec

L’état actuel des connaissances en matière de territoire, quoique très avancé, est encore «très limité», ajoute le porte-parole. Au cours de la prochaine décennie, avec l’arrivée de nouvelles technologies comme l’ADN environnemental ou la captation de données aériennes, le portrait des milieux naturels pourrait donc changer.

«On risque d’avoir une image beaucoup plus précise de ce qu’on possède sur le territoire. Ces dernières années, grâce à des données prises des airs, on a été capables d’identifier plus de 3000 milieux humides qui étaient inconnus de notre cartographie. Il faut le planifier, ce changement», dit M. Bonin.

À l’échelle du Canada, CNC a déjà protégé plus de 14 millions d’hectares d’aires naturelles. Cela équivaut à plus de deux millions de terrains de football.

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